Tous les jours, nous rencontrons des nouvelles personnes
intéressantes qui nous invitent à travailler avec eux. Aujourd’hui, nous avons
rencontré Dr Tadesse, l’obstéricien de l’hôpital public de Gimbie, financé par
le gouvernement. C’est un jeune gars, environ du même âge que Dr Wasihun, il
parle très bien anglais et on a eu une bonne conversation autour d’un verre
avec les deux docteurs à propos des moyens (limités) dont ils disposent dans
leurs hôpitaux respectifs. L’équipement de l’hôpital public est meilleur car
l’hôpital est plus récent (deux ou trois ans). Dr Tadesse nous a emmenées
visiter son hôpital, il est pas très loin du nôtre, mais le nôtre est sur la
route principale de Gimbie (goudronnée). L’hôpital public est au bout d’une
longue route en terre battue très très abimée, le transport en ambulance
jusqu’à là-bas devrait suffire à achever la victime, non pas qu’il y ait
vraiment des ambulances pour transporter les patients de toutes façons !
Dr Tadesse nous a fièrement montré son nouvel appareil à
échographies, sa salle d’opération digne d’un hôpital européen (si ce n’est
pour l’état alarmant des sols et de l’équipement couverts de crasse) et sa
salle d’accouchement avec « la salle de réa » pour nouveau-né, avec
une autoclave (une machine à stériliser les instruments) qui sert aussi de
chauffage pour les jours où il fait froid… De manière générale, l’équipement a
l’air plus récent qu’à notre hôpital mais la route pour y accéder a de quoi
décourager n’importe quelle femme en travail, et le niveau des employés y est
apparemment moins élevé. L’hôpital de choix à Gimbie reste l’hôpital
adventiste.
Le pauvre jeune docteur vit avec les six autres docteurs
dans des petits studios, style corons des années 50 dans le Nord, à coté de
l’hôpital, coincés au bout de cette horrible route. Son rêve est de retourner à
Addis, où il a fait ses études. Il a été nommé pour travailler dans cet hôpital
pour un minimum de 2 ans. C’est impressionnant parce que malgré le manque
d’équipement, leur connaissance de l’obstétrique à l’air aussi, sinon
plus, à la page que les docteurs qu’on a à Edimbourg. Ils ont tout les deux
beaucoup plus d’expérience de cas compliqués que nos docs ne verront
probablement jamais dans leur carrière.
Nous avons aussi eu l’opportunité de voir notre premier
accouchement normal en Ethiopie ! C’était assez similaire à ce qu’on peut
voir en Ecosse : le processus est le même, Ethiopienne, Française ou
Britannique, il faut pousser le bébé. Bien sûr la table d’accouchement s’apparentait
plus à une table de torture et l'intimité est un concept inconnu
avec les deux tables côte à côte dans la salle d’accouchement. Notre dame a eu
de la chance : elle était seule en travail à ce moment là.
On l’avait rencontré le matin, à 3cm, ses contractions
n’étaient alors ni fréquentes, ni régulières mais c’était son quatrième bébé
donc tout pouvait arriver très vite. A 11h30, elle était à 5cm et les
contractions avaient commencé à être plus rapprochées. Elle était alors encore
dans la salle de travail. A 2h, elle a été examinée encore et le col était
complètement dilaté donc elle a été transférée en salle d’accouchement. Sur ces
entre-faits, nous sommes passées par là par hasard et sommes donc restées pour
l’accouchement.
Les IncoPads ou le sopalin n’existent pas en Ethiopie,
on utilise le papier qui entoure les gants stériles pour mettre sous le
derrière de la patiente. On utilise rien de jetable à part les gants que la
sage-femme met. Une fois le bébé né, il est posé sur le ventre de la mère le
temps d’être séché puis on l’emmène pour être pesé, lui donner son injection de
vitamine K et des gouttes antibiotiques dans les yeux. Pendant ce temps, la
maman reçoit sa piqûre d’ocytocine (qu’elle le veuille ou non, on lui demande
pas son avis), on attrape le placenta qu’on met dans un seau vert à coté de la
table d’accouchement (il sera enterré plus tard). Et là ! Stupeur !
La femme se lève et sort de la salle d’accouchement et on la conduit dans son
lit où elle restera probablement une nuit. Pas besoin de lui demander quoi que
ce soit, elle est descendu de son plein gré !
Deux nouveaux américains sont arrivés aujourd’hui, ils
travaillent ici depuis Août et Octobre il me semble et était à Addis jusqu’à
présent pour régler des problèmes administratifs. Alex a 24 ans, Tyler, 21. Ils
dépendent tout les deux de l’église adventiste qui dirige l’hôpital. A
l’origine, Alex était venu pour tenter d’installer un projet pour amener de
l’eau potable à l’hôpital mais les possibilités et les finances se sont avérées
plus compliquées que prévues donc il travaille plus pour la gestion de
l’hôpital, avec Tyler qui lui est responsable de la gestion des cliniques
rurales dépendantes de l’hôpital adventiste. Des rôles assez impressionnants
pour des si jeunes garçons.
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