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vendredi 13 avril 2012

L'excursion a Green Lake du 10 au 12 avril

Le HAG a plusieurs petites antennes dans les zones rurales aux
alentours de Gimbie. Mardi dernier, Alex et Tyler nous ont invités à
aller à une de ces cliniques rurales, à Green Lake.
On est partis vers 9h le mardi matin de Gimbie avec le 4x4 de
l'hôpital. Le chauffeur devait nous déposer à Green Lake puis
continuer sa route vers Addis avec Dr Peter et sa femme Ester (le
directeur médical de l'hôpital).
L'aller s'est donc bien passé, on s'est arrêtés pendant deux heures à
Nekemte parce que les garçons avaient un meeting avec des responsables
gouvernementaux, on en a profité pour manger un petit déj' super bon
appelé « fatira », en gros, c'est deux espèces de crêpes épaisses avec
une très fine omelette au milieu et plein de miel sur le dessus qui
dégouline. C'est super bon.
La route entre Gimbie et Nekemte est goudronnée, et ça prend environ
1h en voiture. Entre Nekemte et Bako, la route est goudronnée en
pointillé, le reste est en terre battue. Très poussiéreux. Entre Bako
et Green Lake, la route est exclusivement en terre battue, et même
jusqu'à récemment, il n'y avait pas de route du tout et il fallait y
aller à cheval !
De Nekemte à Green Lake, on a mis à peut près cinq heures. Le
chauffeur nous a donc déposé là-bas et à continué sa route vers Addis.
Notre groupe était composé de Tessa, moi, Alex, Tyler et Dawat (le
directeur éthiopien des cliniques rurales).
La clinique de Green Lake est au milieu de nulle part, il y a
plusieurs petits villages aux alentours mais c'est difficile de
définir le nombre d'habitants qui bénéficient de cette clinique. La
première bourgade est à trois heures de marche de la clinique.
La clinique elle-même est située dans un bâtiment des 60's qui a l'air
abandonné tant l'accumulation de poussière, de bric-à-bac cassé et
l'état général du bâtiment est affligeant. Pourtant, deux infirmiers,
une laborantine, et une « femme de ménage/caissière », nommés par le
HAG, travaillent là-bas 24h/24, 7 jours/7.
La clinique n'a ni accès à l'eau courante, ni à l'électricité. Malgré
tout ça, le bâtiment a vraiment un potentiel intéressant : il y a une
salle de consultation, un dispensaire/pharmacie, une salle
d'accouchement, un labo et toute une série de cinq ou six pièces qui
devait être le logement de fonction de l'infirmier de garde qui a un
superbe potentiel mais qui est complètement en ruine. Le canapé et le
fauteuil dans la pièce à vivre sont complètement éventré, la gazinière
tombe en lambeau et à l'air de dater autant que la maison elle-même…
Le bâtiment avait accès à l'eau courante avant, il y a donc des
toilettes, une douche, même un bain et des éviers dans toutes les
pièces où un évier est nécessaire. Mais comme l'eau n'y a pas coulé
depuis si longtemps, la crasse accumulée fait oublier la couleur
originale de la porcelaine.
La clinique est située dans un endroit idéal, absolument magnifique,
tout vert. Il faudrait si peu pour rendre le lieu habitable et
agréable. Pour le moment, on plaint les pauvres infirmiers qui sont
coincés là-bas. De plus, gérer une clinique sans eau ni électricité
doit être un sacré challenge, comme on l'a vérifié le soir même.
Après avoir fait un bref état des lieux, on a décidé de sortir
explorer les alentours. Juste à coté de la clinique, il y a une école.
Les cours sont le matin jusqu'à 3h donc on a demandé au garde si on
pouvait visiter les salles de classes et il a accepté avec
enthousiasme. Il y avait 8 salles de classes, sans portes ni fenêtres,
avec des sièges et des tables pour environ 40 élèves dans cinq d'entre
elles. Dans les trois dernières, il n'y avait que des bancs en bois
qui avaient l'air très bancal et dont la plupart étaient couché sur le
sol. Les leçons du jour étaient encore sur les tableaux noirs : des
maths, de l'histoire (en anglais), et… surprise !... de l'informatique
!! Sans ordinateurs, la plupart des élèves n'ayant probablement jamais
vu un ordi de leur vie, la leçon au tableau expliquait comment ouvrir
Word, à quoi sert la route « enter », etc. On se demande encore à quoi
pouvait bien servir ce genre de cours et à quel point la confusion
générale doit régner parmi les élèves quand ils ont cours
d'informatique… Malheureusement, on n'avait pas pensé à prendre notre
appareil photo et on n'a pas eu le temps d'y retourner pour prendre
des photos.
De retour à la clinique, le soleil était près à se coucher et on
commençait à être bien fatigués par la route. On a mangé un « shiro »
(sauce aux lentilles, haricots, tomates, pois chiches, oignons et
pleins de piments) qu'une famille locale avait préparé pour nous avec
la traditionnelle injera (il n'y a bien sûr pas de restaurant à Green
Lake). C'était fort mais bien bon.
Après ça, on a décidé de profiter de l'absence de lumière pour aller
s'allonger sur le terrain de foot de l'école toute proche pour
regarder les étoiles comme jamais on les voit chez nous. C'était un
spectacle grandiose.
On était peut être allongé depuis une demi-heure quand un convoi est
arrivé à la clinique : des hommes avaient transporté un vieil homme
sur une civière faite maison, des femmes suivaient et pleuraient.
L'homme sur la civière puait l'alcool et s'était vraisemblablement
battu. Il avait une entaille dans la tête qui saignait beaucoup et
l'épaule gauche dans un sale état. Les hommes qui l'accompagnaient
l'ont transporté sur la table d'examen dans la salle de consultation.
La table d'examen n'avait pas de housse en plastique et le similicuir
était éventré, le sang était donc directement absorbé par la mousse.
Les deux infirmiers tentaient tant bien que mal d'examiner le patient,
avec pour seule lumière celle des lampes torches que nous tenions en
direction du patient. Fort heureusement pour lui, le patient s'est
vite évanoui et l'infirmier a pu lui raser la tête et suturer
l'entaille qu'il avait dans la tête. La bosse était comparable à un
œuf de canard. Considérant les moyens très restreints dont disposaient
les infirmiers, ils ont fait un beau travail.
Après toute cette excitation, on est allés se coucher ce qui devait
anciennement être la pièce à vivre mais qui était maintenant à
l'abandon total, meublé d'une table, du canapé et du fauteuil éventré
que j'ai mentionné plus tôt et d'un sommier complètement déglingué. On
nous a amené deux matelas en paille et on les a étendus sur sol. Tessa
et moi avons dormi entre Alex et Tyler dans les sacs de couchage que
nous avions amené.
Le lendemain, Tessa et moi avons mis au point deux livres pour
documenter les rendez-vous prénataux de suivi de grossesse et les
accouchements, la documentation jusqu'alors était quasi-inexistante.
Au jour d'aujourd'hui, le nombre d'accouchement est assez limité à la
clinique. Les femmes accouchent généralement chez elles. Même si elles
atteignent la clinique, hormis un infirmier vaguement informé sur les
soins obstétriques, elles n'auront pas accès à grand-chose : ils ne
disposent pas de médicaments pour traiter une hémorragie, une crise
d'éclampsie ni même pour traiter la pré-éclampsie… On peut donc pas
faire grand-chose pour les aider en cas de crise majeure…
On a aussi fait des recommandations pour des choses essentielles dont
la clinique ne dispose pas mais devrait vraiment avoir, comme par
exemple deux kits stériles pour l'accouchement, avec des pinces, des
ciseaux, du fil pour attacher au bout du cordon ombilical, qui
seraient toujours prêts dans l'éventualité qu'une femme enceinte
débarque pour accoucher.
On a aussi suggéré l'ajout d'un lit dans la salle d'accouchement pour
que les femmes puissent se reposer avant de repartir vers où elles
viennent, à plusieurs heures de marche pour certaines.
Malheureusement, on a pas vu de femmes enceintes pendant qu'on était à
la clinique. Les infirmiers sur place étaient sensés nous faire de la
pub car généralement, l'arrivée de « faranjis » a toujours un effet
d'attraction sur la population.
A trois heures et demi, tout était dans l'ordre, les garçons avaient
fini leurs affaires, nous les nôtre. On a donc entamé la longue route
du retour. Premièrement, on a marché pendant trois heures à travers
des plaines vers la ville la plus proche nommée Harato où nous avons
passé la nuit. On a mangé un super repas appelé « tagamino », une
espèce de purée de pois chiches, lentilles et/ou haricots avec
beaucoup d'ail et beaucoup d'épices et de piment.
L'hôtel semblait être le comble du luxe après trois heures de marche
et la nuit qu'on avait passé avant. Les toilettes étaient
indescriptibles tellement elles étaient dégueulasses, mais c'était
vraiment un tout petit détail qui était facile à oublier (un trou dans
le sol avec des planches de bois dessus, et tout les excréments qui
vont avec). On a payé 35birr pour la nuit pour deux, ce qui fait
environ un euro cinquante… On peut pas vraiment se plaindre de
grand-chose pour ce prix là !
Le lendemain, réveil à cinq heures et demi. On a attendu dans la rue
principale qu'un bus passe et veuille bien nous prendre. C'était sans
compter que c'était le week-end de Pâques en Ethiopie (la Pâque
orthodoxe est une semaine après chez nous) et que tout le monde
voulait aller rendre visite à leurs familles… A six heures du mat, la
rue était bondée et le premier bus n'a pas pu nous prendre. On nous a
ensuite dit que le prochain était à cinq heures du soir : moment de
panique, qu'allions nous faire entre six heures du mat et cinq heures
de l'aprèm à Harato, la ville où il n'y a rien à part un hôtel et un
restaurant et beaucoup de gens qui nous fixe tellement fort que ça en
devient intimidant ? Heureusement, à sept heures, un autre bus s'est
pointé, quasiment aussi blindé que le premier mais qui a bien voulu
nous prendre, debout, tout serrés dans l'allée centrale du bus sur la
route en terre battue… Je peux vous dire que c'était une aventure ! Je
pense que notre peau blanche a joué un gros rôle dans le fait que le
bus ait bien voulu nous prendre. L'ironie dans tout ça et que parmi
les passagers qui voyageaient illégalement debout dans le bus, il y
avait deux flics en uniforme!!
Le trajet a duré deux heures entre Harato et Bako. A Bako, on a bu un
petit café et une petite miche de pain (notre petit déj du jour) à la
gare routière et on a pris un autre bus en direction de Nekemte, trois
heures de plus. On a encore eu un exemple d'absurdité des lois et de
la réalité des choses : le reçu pour le prix du bus affichait 26birr
mais tout le monde a payé 50birr parce que c'est ce que le contrôleur
avait demandé et que c'est le « business » !
Arrivés à Nekemte, la gare routière était bondée, pleine de gens
rentrant chez eux pour le week-end de Pâques. C'était la guerre totale
pour monter dans le minibus qui allait nous ramener à Gimbie : on a
failli se séparer en deux groupes. Tyler a réussi à se frayer un
passage dans le bus, puis Tessa a réussi à me pousser à l'intérieur
pendant qu'un autre gars tirait de l'intérieur. A ce moment-là, le bus
était plein : 14 places, 14 personnes, tout était normal. On pensait
qu'Alex et Tessa allaient prendre le prochain bus et qu'on se
rejoindrait à Gimbie. C'était pas idéal mais ça allait le faire.
Hors du bus, l'agitation était toujours à son comble. Dans le bus
aussi d'ailleurs. Le gars qui m'avait tiré à l'intérieur m'a fait
comprendre dans un anglais approximatif qu'on pouvait se serrer et
qu'il y avait donc de la place pour Tessa aussi. Sur ceux, Tessa a
réussi à monter. Puis, le bus commence à partir jusqu'à ce qu'un petit
ado devant nous dise que sa place était à vendre : il s'était faufilé
dans le minibus dès le début et avait réservé sa place pour la
revendre à prix d'or (10birr) à qui voudrait l'acheter. Tout le monde
dans le bus à commencé à crier « Alex, it's for Alex !!». Alex a donc
pu monter avec nous ! Tout est bien qui finit bien !
Arrivée à Gimbie, deux heures plus tard, on était tous à des degrés
plus ou moins important d'hypoglycémie n'ayant rien avalé depuis la
miche de pain du matin à Bako. On s'est donc arrêté chez Jimi Juice,
un bar à jus absolument délicieux ! Jus de papaye, de mangue et
d'avocat, rien de tel pour se ravigorer ! Puis on a couronné le tout
par quelques samosas bien mérités.
Sans douche depuis trois jours, et après une journée de voyage sur la
route la plus poussiéreuse du monde, ça faisait du bien d'arriver !
Quel voyage !!

jeudi 5 avril 2012

Caring for women in labour


Je m'excuse auprès de tous mes lecteurs francophones mais cet article necessite trop de jargon spécifique que je ne sais pas traduire en français.

Finally on Tuesday we got to assess, admit and care (to a certain extent, without being able to communicate) for two women in labour. Both prims, we picked one each and were going backward and forward to the labour room, listening in to fetal heart, etc… The midwives were more or less translating what we were saying but from my point of view they lack the caring soft voice that midwives should use to some extent when caring for laboring women.
We admitted them at about 2.30pm and by 5.30, my lady was acting really distressed, curling up her body with each contraction and as I had been massaging her back for most of the afternoon (her only “pain relief”), I could feel the tail bone slowly shifting and I was getting excited. I then went to find one of the midwives for her to translate and ask my women whether she was feeling any pressure in her bottom. This was a new midwife, night shift, and apparently she had a different conception of intrapartum care… She asked me whether the woman was fully and I said I didn’t know and quite frankly it wasn’t really the point. I only wanted a very simple question answered: “is she feeling pressure in her bottom?”
Anyway, she came round to the woman, shouted something in oromifa upon which the woman rolled onto her back, put a glove on and promptly examined her. My question was left unanswered. She then faced me and said she was 4 cm, no information about station or position was given.
By that point, Tessa was having an equally distressing and frustrating time with her lady who she had ARM’d for augmentation on Dr Jeremy’s orders and found meconium stained liquor and therefore wasn’t allowed to walk around (!!). The lady was rolling around in her bed and saying that she wanted to get up and walk (according to the midwife’s translation). All the same, the midwife was categorical that she shouldn’t walk around.
At that stage, we decided to go out and get some fresh air and debrief on the lack of evidence backing up the midwife’s decision. We also felt like there was no easy way of telling her that. By the time we came back, I found out my lady had delivered. She had been able to get up and mobilize. Even so, one hour to go from 4 cm to fully for a prim seems pretty hard going. Anyway, there is no way of checking if the midwife was right.
Tessa’s woman was sent for section at 8.00 for failure to progress. Not fetal distress. Failure to progress. We’ll never know if a little walking around would have spared that Ethiopian lady the scar tissue on her young uterus.
So that was our first experience of labour ward, and we wish we had a few more years of experience in order to be able to take over the care completely and take full responsibility.

On Thursday, we had agreed to phone Tyler should anybody deliver as he wanted to see a normal delivery. We witness the delivery of a para 3, I had never seen so much perineal stretching in my life, the midwife was pushing and pulling so hard on that poor woman’s perineum, it was sore just watching. When the head crowned, she then promptly pushed on the “ring of fire” to “help” deliver the head. Then again, there was no lingering about waiting for restitution, she pulled on the baby’s head and what would normally take at least a couple of minutes took a couple of seconds. Thankfully, the woman had a very resilient vagina and did not tear although we were expecting to see a third degree at least!
Third stage management is also an epic demonstration of fundus fiddling, as if they were trying their best to give this woman a PPH. They simply won’t stop massaging the uterus until the placenta gets out. And even then, they’ll carry on rubbing it for some time. Some midwives are worse than others, but I don’t think any of them would pass the exam on third stage management. All women get an active third stage management too, it is not an option not to have one.
All in all, probably not the best first experience for Tyler to watch. All the while I was hearing Becky (the local midwifery college lecturer)'s voice in my head telling her midwifery student that “Midwifery is all about waiting” and “why do midwives get less tears than doctors? Because they wait!” How ironic!

mercredi 4 avril 2012

Ganji Health Centre

Taking blood pressures at Ganji Health Centre

Mercredi, on est allées à un centre médical à deux heures de route de Gimbie. Karen, la femme du Dr Jeremy, y va environ une fois par semaine pour faire des échographies sur les femmes enceintes et détecter un maximum de femmes qui doivent impérativement accoucher soit au centre médical, soit à l'hôpital en fonction de la gravité de leur condition.
Au centre médical, il n'y a pas de docteurs, mais il y a des infirmiers et des sages-femmes qui peuvent administrer des médicaments en cas d'hémorrhagie par exemple.
Lors d'une journée au centre médical, Karen voit entre vingt et trente femmes. Toutes sont très intéressées à l'idée d'être vues par une "faranji" (étrangère) et de voir leur bébé sur l'écho.

Lors de notre visite, nous avons vu deux femmes qui avait un besoin urgent d'être admise à l'hôpital. L'une enceinte de 4-5 mois dont le bébé était mort mais où la fausse-couche n'avait pas encore eu lieu, et l'autre dans un état avancé de pré-éclampsie.
Nous avions une place de libre dans la voiture pour le retour, nous avons donc ramené la première à Gimbie pour qu'on puisse déclencher la fausse couche et limiter le risque d'infection.
La deuxième est restée à Ganji et Karen et Jeremy ont décider de revenir vendredi pour rendre visite à une jeune maman de jumeaux qu'ils avaient aidé il y a quelques semaines et donc en profiter pour ramener l'autre patiente.

lundi 2 avril 2012

Baptême du feu


Arrivée en salle d’accouchement, une femme était en train de pousser sur la table d’accouchement.  Dr Wasihun était en train de se préparer à faire une ventouse parce qu’elle poussait pas assez fort. Il est important de noter qu’elle était aussi allongée à plat dos, la pire position possible pour pousser avec efficacité. Immédiatement, on a pensé que la meilleure chose à faire aurait probablement été de la faire changer de position : debout, accroupie ou même sur le coté ! Rien de tout ça n’est arrivé. La tête du bébé nous semblait trop haute pour tenter une ventouse, mais qui sommes nous pour remettre en cause la décision d’un obstétricien ! Bref, la femme a eu une déchirure au 4ème degré (déchirure jusqu’au sphincter anal, aouch !) et c’était très frustrant de voir ça parce que ça venait clairement d’une très mauvaise gestion de la part du Dr Wasihun. Si seulement il l’avait fait bouger !! Peut être que son anus aurait été sauvé !

Après notre session à l’école de sage-femme, dont j’ai déjà parlé, en revenant à l’hôpital, on a vu Dr Wasihun qui avait fait une césarienne à une femme avec un bébé très très difforme, à un point qu’on ne verrait quasiment jamais en Europe. Le bébé a la tête énorme, gonflée d’eau (hydrocéphalie), il lui manque une vertèbre donc la moelle épinière sort dans le bas du dos (spina bifida) et il a les jambes complètement difformes et il ne peut pas les bouger (un des effets de la spina bifida). Bref, il a absolument aucune chance de survie. La maman ne veut pas le voir donc les infirmières et sages-femmes s’en occupent. Ce genre de problème et le résultat d’un manque d’acide folique (vitamine B12) dans l’alimentation des éthiopiens et d’un suivi anténatal inexistant.

Dans la même journée, on a aussi accouché une femme dont le bébé était mort-né, notre premier accouchement que nous avons géré nous même en Ethiopie ! Tu parles d’un baptême du feu !
Le plus dur était de ne pas pouvoir communiquer avec la dame. C’était son premier bébé. La sage-femme qui était avec nous (et traduisait pour nous) ne la traitait en aucun cas différemment des autres femmes en travail, bébé mort ou pas. Le pire dans tout ça, c’est qu’il y avait une autre femme en début de travail allongée sur l’autre table d’accouchement et directement témoin de la naissance d’un bébé mort-né, couvert de méconium.
Tessa a fait l’accouchement, en suivant les instructions de la sage-femme qui étaient assez différentes de ce qu’on fait en Ecosse, avec des méthodes absolument obsolètes et des idées complètement dépassées (ce qu’il y aurait eu en Europe il y a 20-30 ans). Quand le bébé est finalement arrivé, on l’a juste posé sur un drap en plastique par terre. Il semblait qu’il était mort depuis un moment déjà.
J’ai ensuite été en charge de suturer son périnée. Toute seule. Enfin, avec le soutien moral de Tessa et « l’aide » de la sage-femme. Le fil pour suturer était différent que celui qu’on utilise en Ecosse avec une aiguille beaucoup plus petite (chromic 2.0). J’ai du insister auprès des sages-femmes pour qu’elle me donne de la lidocaïne (anesthésiant), elle voulaient pas m’en donner car « la déchirure était très petite ». Oui, mais quand même, j’avais pas spécialement envie de piquer quelqu’un dans le périnée sans l’endormir auparavant ! 1) parce que ça doit faire super mal et 2) parce que si la femme n’est pas détendu et sursaute à chaque fois que je la touche, j’ai plus de chances de me piquer avec l’aiguille !
C’était vraiment pas facile à suturer avec du fil et une aiguille que je connaissais pas, sans champ stérile ( !) et avec juste une lampe torche que Tessa avait emprunté à l’équipe américaine des prolapsus vaginaux (j’expliquerai plus tard qui sont ces gens) et qu’elle me tenait en essayant de trembler au minimum.

On était assez tremblantes toutes les deux une fois que c’était enfin fini et on s’est précipitées j’ai Dr Jeremy, fraichement de retour de son voyage à Addis, pour un débriefing et un petit verre de vin bien agréable. Le 2 avril était un jour très difficile.

dimanche 1 avril 2012

"Nos jumeaux"

On a assisté à l'accouchement par césarienne de deux beaux petits garçons! C'était la première fois que nous aidions vraiment à l'arrivée des bébés. C'était le sixième accouchement de la mère (quatre enfants en vie et un mort très jeune) et elle a appris qu'elle attendait des jumeaux environ une demi heure avant de les avoir! Il n'y a pas vraiment de suivi pendant la grossesse ici.
C'était aussi la première fois où il y avait une réelle émotion, à l'occidentale, dans la salle d'opération. Le papa (qui attendait dehors) avait les larmes aux yeux et la maman était pleine d'émotion aussi. C'est assez inhabituel ici, où la naissance d'un enfant n'a pas la même connotation que chez nous.
Voici nos jumeaux:
Derrière nous, c'est la salle d'accouchement, pour les accouchements normaux.
Et voilà toute la famille:



jeudi 29 mars 2012

Dr Wasihun, l'oromifa et planning familial


Hier et aujourd’hui ont été plus calme que les deux premiers jours. On a suivi Dr Wasihun la plupart du temps, c’est le gynéco éthiopien (il me semble que je l’ai mentionné auparavant mais je crois pas que j’avais orthographié son nom correctement. On est toujours pas sûr de la prononciation…) Il a notre numéro de téléphone et si jamais quelque chose d’excitant arrive, il nous appelle.
Suivre Wasihun est très intéressant, c’est un jeune docteur très compétent, très efficace. Il arrive à faire le maximum possible avec le strict minimum. Il est conscient à quel point ses capacités sont limitées par le manque de moyen disponibles à Gimbie. Et, contrairement à Dr Jeremy, il a le grand avantage de parler la même langue que les patientes. Ce qui est un avantage pour lui devient un désavantage pour nous : avec Dr Jeremy, l’interprète nous permettait de comprendre l’échange, au moins au même degré que le docteur lui-même. Avec Dr Wasihun, on comprend rien du tout à l’échange et on doit attendre la fin pour qu’il nous donne les détails cliniques. En temps que sages-femmes, c’est probablement la barrière impénétrable due à la langue la plus dure à surmonter : la communication est tellement importante dans le métier.
On essaie tant bien que mal d’apprendre quelques rudiments de la langue mais c’est une grammaire totalement différente de toutes les langues gréco-latines ou anglo-saxonnes. Ca fait presque une semaine qu’on est arrivées et on a toujours pas compris comment dire « bonjour » correctement ! C’est un dialogue super élaboré qui se traduit tout simplement en anglais par « hi ».
La première personne commence en disant « Fayaara ! » et l’autre répond un truc du genre « Nagaara ! » puis c’est à l’autre de redire « Faya ! » et l’autre « Naga ! » et on serre la main, on se tape l’épaule, puis ça continue « Akam ! » et ça s’arrête jamais. Vous avez rien compris ? Nous non plus.
Au moins, l’oromifa s’écrit en lettre latine, contrairement à l’amharique qui à ces propres symboles. Enfin, notre connaissance de l’oromifa est très très limitée pour le moment et vu la complexité de la grammaire, je pense pas qu’elle s’améliore beaucoup en 4 semaines…

Pour le moment, on a pas encore vu d’accouchement normal. Rien qu’aujourd’hui, deux dames ont du avoir une césarienne. Toute les deux étaient soupçonnés d’être à prêt de 45 semaines de grossesse (pour info, une grossesse dure normalement 40 semaines et si le bébé n’est pas né à 42 semaines en Ecosse, on déclenche le travail. En France, je crois même pas qu’ils attendent si longtemps.) A 45 semaines de grossesse, le placenta est beaucoup moins efficace et amène moins d’oxygène et de nutriment au bébé, c’est pour cela qu’on déclenche.
Un des deux bébés avait l’air assez post-mature (il était gros, assez fripé), mais l’autre avait l’air bien petit pour 45 semaines, et couvert de vernix (le truc blanc qui recouvre les bébés qui naissent un peu avant l’heure). C’est l’Ethiopie ! Les femmes ont aucune idée de la date de leurs dernières règles, la plupart des gens ne savent même pas leur âge ! Alors si on doit se fier à elles pour savoir à quel moment les accoucher, c’est très difficile !
               
                Les éthiopiens sont petits en général, et très minces, voir maigres. Ils font donc de tout petits bébés : un bébé de 2kg500 est de taille normale et plus de 3kg500 considéré comme un gros bébé. Toutes les femmes allaitent, sans problème aucun. Le lait en poudre est tellement onéreux que la plupart ne pourrait pas se le payer. Même les femmes contaminées par le VIH sont conseillées d’allaiter leur enfant car le risque de transmission du virus est plus faible que le risque de mort à cause de malnutrition. Le taux de séroprévalence du VIH est plus bas que ce qu’on pensait au début : 4% « seulement ».

                La contraception commence à faire son chemin dans la mentalité des éthiopiens. Dr Wasihun nous a dit que les préservatifs étaient trop chers et très peu utilisés, mais la pilule ou les injections de progestérone deviennent de plus en plus communes. On a passé une heure cet après-midi avec l’infirmière du planning familial, qui s’occupe aussi de l’immunisation des enfants. Elle conseille les jeunes mères et s’occupe de poser des implants ou des stérilets en cuivre, de faire les piqûres de progestérone et elle distribue la pilule. Tous ces services sont gratuits. Pas les capotes...

mardi 27 mars 2012

Deuxième jour


Aujourd’hui, notre journée a commencé à peu près comme celle d’hier. On a mangé un super p’tit dèj avec les pancakes de Bigigdu et sa purée de mangue, banane et orange. Dé-li-cieux !
                Ensuite ward round avec Dr Washen, puis on est allé aidé Becky à enseigner comment réparer des déchirures et épisiotomies. L’ironie dans tout ça, c’est que on a appris nous même seulement il y a quelques semaines ! Vous verrez les photos, c’était très drôle !
                J’ai fait une démonstration ‘live’ sur une éponge. Puis on a distribué des éponges à tout le monde et on (Tessa, Becky et moi) s’est baladé dans la salle de classe pour les aider.
                La classe de Becky est très particulière : 22 étudiants, à peu près moitié hommes, moitié femmes, de tout les âges, de 19 à 40 ans. Ils ont un niveau scolaire assez limité (ils sont allés à l’école jusqu’à 16 ans) et certains d’entre eux savent probablement à peine lire et écrire. Il y en a deux ou trois qui paraissent vraiment bons et intéressés. D’autres qui essayent vraiment et font de leur mieux. Et d’autres qui donnent l’impression de rien piper du tout.

                L’aprèm, c’était consultations avec Dr Jeremy encore.

lundi 26 mars 2012

Premier jour à Gimbie


En attendant que quatre autres étudiants en médecine, britanniques, nous rejoignent dans notre maison, nous mangeons chez Austin, l’administrateur de l’hôpital.
Bigidu, notre « domestique », cuisine pour nous matin, midi et soir et on mange ce qu’elle nous prépare, même si on sait pas toujours ce que c’est exactement. Jusqu’à maintenant, c’était bon. Végétarien, toujours, parce que ici la viande est pas forcément réfrigérée (même probablement pas…), donc on évite.
Je pense donc que ça va être notre routine jusqu’à ce que les autres arrivent :
On monte chez Austin vers les 7h30-8h, on mange notre petit-dèj’ puis à 8h30, on monte à l’hôpital pour faire un tour des patients (« ward round ») avec le docteur (soit Washen, le gynéco éthiopien ou Jeremy, le gynéco anglais), voir ce qui c’est passé pendant la nuit, vérifier que tout va bien, etc…
Après le « ward round », on fait autre chose : on a pas accès aux salles d’accouchement le matin parce que les élèves-infirmiers sont sur place le matin.

Lundi matin, notre premier matin, Dr Jeremy nous a montré l’aile de l’hôpital réservée aux femmes. Tout les cas sont admis ici, la seule condition est d’être une femme : il y a donc des femmes qui viennent d’avoir leur bébé, des femmes qui ont des os cassés, des femmes qui vont accoucher, des femmes qui ont des infections pulmonaires comme une pneumonie par exemple… Il y a une salle d’accouchement avec deux tables d’accouchement. Les femmes restent en travail dans le couloir jusqu’à ce qu’elles soient prêtes à accoucher. Elles sont alors transférées en salle d’accouchement, poussent et ressortent avec un bébé maximum une heure plus tard ! Pas d’analgésie, à la dure.
Lors de nos 5 premières minutes sur place, nous avons vu une césarienne, le cœur du bébé ralentissait dangereusement. La péridurale a été posée en 2 minutes, grand max, par un infirmier anesthésiste. En Ecosse, ils mettent minimum un quart d’heure, et c’est des docteurs qualifiés ! Nous étions donc impressionnées. La césarienne a suivi, sans encombre, 2 minutes plus tard le bébé était né ! Tu parles d’efficacité !!

Lundi après-midi, on a vu des patientes avec Dr Jeremy. Des femmes enceintes qui viennent pour savoir où elles en sont dans leur grossesse, la seule fois où elles verront quelqu’un… Mais aussi des femmes avec des problèmes gynéco. Par exemple, une femme de 22 ans qui avait le ventre gonflé : l’écho a montré qu’elle avait des ovaires poly cystiques qui produisaient beaucoup de fluide, probablement un cancer des ovaires à un stade très avancé. La question était ensuite de demander à son père s’il pouvait lui payer le traitement nécessaire pour lui rendre la vie plus confortable. La chimio est hors de question, on a pas l’équipement nécessaire. Tout ce qu’on peut faire, c’est drainer le fluide et lui rendre les quelques mois de vie qui lui reste moins douloureuse… C’est la très dure réalité de l’Afrique. Si son père ne peut pas payer le traitement, alors… elle mourra dans la douleur.

Sur une note plus joyeuse, Dr Jeremy nous a aussi appris à faire des échos ! On a appris à cherché le cœur du bébé, mesurer le diamètre de la tête… C’était super ! On n’aurait jamais fait ça en Ecosse !
Après la série de rendez-vous, on est sorties avec Dr Jeremy et sa femme Karen pour aller boire une bière à un des bars du coin, La bière éthiopienne, la St George, est vraiment super bonne !
En Ethiopie, pas grand-chose est organisé, par contre dans la rue principale de Gimbie, la seule rue goudronnée, les piétons doivent marcher d’un coté de la rue pour aller dans un sens et de l’autre pour aller dans l’autre ! Super organisé ! Par contre, tout le monde marche sur la route. Enfin, c’est pas comme si il y avait beaucoup de circulation sur la route ! Des chèvres, des vaches, des ânes, des chiens, oui. Des voitures, pas trop, non.

Puis, le soir, dîner chez Austin encore, avec Becky. Une bonne journée bien remplie, somme toute !

jeudi 8 septembre 2011

L'aventure commence!


Ça y est! La convention de stage est signée donc, c'est sûr, on part!

On? C'est qui? On, c'est Tessa et moi. Tessa, c'est une copine de ma classe, je crois qu'elle mérite un article à elle toute seule pour bien la présenter. Ça vient.

Et on part où? Alors, c'est là que ça devient intéressant! On part en stage pendant quatre semaines à l'Hôpital Adventiste de Gimbie (HAG)... en Éthiopie!! 
L'Hôpital Adventiste de Gimbie
Pour le moment, je ne l'ai vu qu'en photo: c'est un des cinq hôpitaux de la zone Ouest Welega de la région Oromia. En tout, les cinq hôpitaux disposent de 300 lits pour les 2,3 millions d'habitants. A titre de comparaison, en France, pour le même nombre d'habitants, on dispose de 14 000 lits!!
Le HAG est principalement spécialisé dans la santé de la femme et de l'enfant avec 600 accouchements par an en moyenne. Le HAG organise aussi des consultations dans les villages isolés de la région grâce auxquelles les femmes qui n’ont pas les moyens financiers ou matériels d’atteindre Gimbie peuvent recevoir un suivi médical sommaire pendant leur grossesse. Le taux de séroprévalence est d’environ 10% pour le VIH dans la population locale, 5% pour l’hépatite B et 5% pour l’hépatite C ; ces consultations sont aussi un moyen d’éduquer les locaux en matière d’éducation sexuelle et d’hygiène. 
Seul 5% des femmes ont accès à un hôpital pour accoucher en Éthiopie, ainsi la présence de personnel soignant qualifié dans les villages permet d’approcher les sages-femmes traditionnelles et leur apprendre les gestes qui sauvent en cas d’urgence obstétrique. 
De plus, le HAG a récemment ouvert une formation pour sage-femme et on va pouvoir suivre quelques cours avec les étudiants locaux.

Pour en savoir plus sur l'hôpital et l'expérience qui nous attend, ce blog par une obstétricienne britannique qui a fait du bénévolat là-bas est une source d'information (en anglais, par contre...).