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dimanche 8 avril 2012

Le stade de Gimbie

Tout les lundis, mercredis et jeudis, c'est jour de frisbee! A 6h du mat', on rejoints les gars et Becky et on descend au stade pour une petite partie de frisbee bien ravigorante. Bon, j'avoue que on a pas été aussi assidues que ça mais on essaie de s'y tenir parce que c'est tellement drôle!
Au stade, trois filles et un gars attendent de pied ferme notre arrivée pour commencer à jouer.

Le stade de Gimbie est situé à un quart d'heure de marche de l'hôpital, il est en terre battue et a des gradins très irréguliers de part et autre du terrain.
Samedi, on a fait une entorse à la règle du 6h du mat' et on est allés jouer avec les américains qui sont la pour dix jours pour opérer des femmes souffrant de prolapsus génitaux. Ils opèrent toute la journée et ne peuvent pas se lever à 6h pour le frisbee, c'était donc une séance de rattrapage en plein cagnard à 4h de l'aprèm. Ca tapait sérieux.
Le stade de Gimbie



Les joueurs de frisbee dans les gradins
Dans la même veine, Alex va jouer au foot avec des enfants quelques aprèm par semaine (Mathis adorerait ça!). Vendredi soir (5h), il m'y a amené pendant que Tessa allait boire un jus avec Tyler, Becky et Austin.
Alex et les jeunes footballeurs
J'ai joué une manche (chaque manche est en un point et après on change d'équipe), mon équipe ayant perdu  (!!), je suis allée m'assoir par terre à coté du terrain et deux petites filles sont arrivées et on commancé à dessiner sur la terre battue du stade avec un baton et à pointer en me disant ce qu'elles dessinaient. Quand il y avait plus de place autour de nous pour dessiner, la plus petite (Fatya) a commencé à me dessiner sur le bras avec son petit bâton. Bientôt, tous les garçons qui jouaient pas se sont amassés autour de nous et j'ai eu droit à une super leçon d'oromifa. Un des élèves de Becky qui m'avait accompagnée au stade a sorti un papier et un stylo de sa poche et on a continué la leçon de façon plus traditionnelle. Je sais maintenant dire fleur (ababa), maison (mana), chèvre (retti), vache (sawa), arbre (muka), chat (adure), eau (bishaan), fille (dubra), garçon (dhira), gens (nama), ballon (kuba), café (buna), thé (shai), papillon (brobra), sage-femme (desisitu) et aussi des choses essentielles comme "comment t'appelles-tu?" (wakaan ke enyu?) et "quel âge as-tu?" (wagaan ke meeqa?). Je sais aussi compter jusqu'à 19, j'arrive jamais à retenir comment on dit 20... 
      Tous ceux qui connaissent ma passion pour les langues savent que je me suis éclatée à apprendre tout ça! Et l'ambiance y a aussi fait pour beaucoup avec tout le monde qui voulait participer.
Mes deux petites institurices, Fatya et Jaaleenha




Sortie au resto

Hier soir, jour de fête, on est tous allé au resto! On est allé dans un resto où la dame qui le tient nourrit une dizaine d'enfants de la rue (abandonnés et sans-abris). 
On a commencé par une tournée de sodas, ce que Austin a à la main ci-dessous s'appelle "Mirinda", c'est le soda local, à mi-chemin entre l'Orangina et le Fanta orange. Les éthiopiens en raffolent et pendant l'accouchement, c'est ça que les femmes boivent.
Tessa, Austin & Becky
      On a mangé du bayaanati qui est un assortiment de plusieurs types de ragoûts de légumes, comme des lentilles (shiro), des bettraves rouges, des carrotes, du chou, des patates... Le tout cuit avec plus ou moins d'ail, de gingembre et/ou de piments. Tout ça se mange avec l'injera, une espèce de crèpe aérée et au goût aigre, dont on se sert pour enveloper la nourriture. On mange avec les doigts et tous dans le même plat! Par contre, c'est très mal poli de prendre de la nourriture du coté de son voisin.
     La dame faisait que de nous ramener plus des différents ragoûts et d'en rajouter, comme une corne d'abondance, c'était impossible à finir.
Bayaanati avec injera

Alex & moi, dégustant

De gauche à droite: Austin, Becky, Alex, Sophie, moi, Lucy, Hannah, Laura et Tyler (devant) avec les restes d'un bon repas

lundi 2 avril 2012

Baptême du feu


Arrivée en salle d’accouchement, une femme était en train de pousser sur la table d’accouchement.  Dr Wasihun était en train de se préparer à faire une ventouse parce qu’elle poussait pas assez fort. Il est important de noter qu’elle était aussi allongée à plat dos, la pire position possible pour pousser avec efficacité. Immédiatement, on a pensé que la meilleure chose à faire aurait probablement été de la faire changer de position : debout, accroupie ou même sur le coté ! Rien de tout ça n’est arrivé. La tête du bébé nous semblait trop haute pour tenter une ventouse, mais qui sommes nous pour remettre en cause la décision d’un obstétricien ! Bref, la femme a eu une déchirure au 4ème degré (déchirure jusqu’au sphincter anal, aouch !) et c’était très frustrant de voir ça parce que ça venait clairement d’une très mauvaise gestion de la part du Dr Wasihun. Si seulement il l’avait fait bouger !! Peut être que son anus aurait été sauvé !

Après notre session à l’école de sage-femme, dont j’ai déjà parlé, en revenant à l’hôpital, on a vu Dr Wasihun qui avait fait une césarienne à une femme avec un bébé très très difforme, à un point qu’on ne verrait quasiment jamais en Europe. Le bébé a la tête énorme, gonflée d’eau (hydrocéphalie), il lui manque une vertèbre donc la moelle épinière sort dans le bas du dos (spina bifida) et il a les jambes complètement difformes et il ne peut pas les bouger (un des effets de la spina bifida). Bref, il a absolument aucune chance de survie. La maman ne veut pas le voir donc les infirmières et sages-femmes s’en occupent. Ce genre de problème et le résultat d’un manque d’acide folique (vitamine B12) dans l’alimentation des éthiopiens et d’un suivi anténatal inexistant.

Dans la même journée, on a aussi accouché une femme dont le bébé était mort-né, notre premier accouchement que nous avons géré nous même en Ethiopie ! Tu parles d’un baptême du feu !
Le plus dur était de ne pas pouvoir communiquer avec la dame. C’était son premier bébé. La sage-femme qui était avec nous (et traduisait pour nous) ne la traitait en aucun cas différemment des autres femmes en travail, bébé mort ou pas. Le pire dans tout ça, c’est qu’il y avait une autre femme en début de travail allongée sur l’autre table d’accouchement et directement témoin de la naissance d’un bébé mort-né, couvert de méconium.
Tessa a fait l’accouchement, en suivant les instructions de la sage-femme qui étaient assez différentes de ce qu’on fait en Ecosse, avec des méthodes absolument obsolètes et des idées complètement dépassées (ce qu’il y aurait eu en Europe il y a 20-30 ans). Quand le bébé est finalement arrivé, on l’a juste posé sur un drap en plastique par terre. Il semblait qu’il était mort depuis un moment déjà.
J’ai ensuite été en charge de suturer son périnée. Toute seule. Enfin, avec le soutien moral de Tessa et « l’aide » de la sage-femme. Le fil pour suturer était différent que celui qu’on utilise en Ecosse avec une aiguille beaucoup plus petite (chromic 2.0). J’ai du insister auprès des sages-femmes pour qu’elle me donne de la lidocaïne (anesthésiant), elle voulaient pas m’en donner car « la déchirure était très petite ». Oui, mais quand même, j’avais pas spécialement envie de piquer quelqu’un dans le périnée sans l’endormir auparavant ! 1) parce que ça doit faire super mal et 2) parce que si la femme n’est pas détendu et sursaute à chaque fois que je la touche, j’ai plus de chances de me piquer avec l’aiguille !
C’était vraiment pas facile à suturer avec du fil et une aiguille que je connaissais pas, sans champ stérile ( !) et avec juste une lampe torche que Tessa avait emprunté à l’équipe américaine des prolapsus vaginaux (j’expliquerai plus tard qui sont ces gens) et qu’elle me tenait en essayant de trembler au minimum.

On était assez tremblantes toutes les deux une fois que c’était enfin fini et on s’est précipitées j’ai Dr Jeremy, fraichement de retour de son voyage à Addis, pour un débriefing et un petit verre de vin bien agréable. Le 2 avril était un jour très difficile.

dimanche 1 avril 2012

"Nos jumeaux"

On a assisté à l'accouchement par césarienne de deux beaux petits garçons! C'était la première fois que nous aidions vraiment à l'arrivée des bébés. C'était le sixième accouchement de la mère (quatre enfants en vie et un mort très jeune) et elle a appris qu'elle attendait des jumeaux environ une demi heure avant de les avoir! Il n'y a pas vraiment de suivi pendant la grossesse ici.
C'était aussi la première fois où il y avait une réelle émotion, à l'occidentale, dans la salle d'opération. Le papa (qui attendait dehors) avait les larmes aux yeux et la maman était pleine d'émotion aussi. C'est assez inhabituel ici, où la naissance d'un enfant n'a pas la même connotation que chez nous.
Voici nos jumeaux:
Derrière nous, c'est la salle d'accouchement, pour les accouchements normaux.
Et voilà toute la famille:



samedi 31 mars 2012

Jour de Shabbat


Samedi est le Shabbat adventiste : c’est l’équivalent d’un dimanche pour le reste des chrétiens, où ils vont à l’église, etc. Tessa et moi avons évité l’église pour cette fois-ci même si je pense qu’on ira au moins une fois pour voir de quoi il en retourne. On est donc restées à la maison et on a regardé un film en attendant que tout le monde revienne de l’église. C’était journée détente, pas de rendez-vous à l’hôpital et notre téléphone n’a pas sonné pour nous appeler à un accouchement (même si on a découvert le lendemain que des jumeaux étaient nés par le siège… loupé !). On est allées se promener vers les 4h dans les alentours de Gimbie (et je pense qu’on a enfin pris un peu de couleurs !). Gimbie est entourée de colline à la terre rouge qui deviennent vertes à la saison des pluies, quand le tef a été planté. Le tef est une céréale typiquement éthiopienne qui est la base de l’injera, une galette aérée un peu aigre à la base de quasiment tout les repas éthiopiens.
Sur le chemin du retour, des enfants ont couru à notre rencontre en criant le traditionnel « You, you , you ! Faranji, faranji ! » (Faranji veut dire « étranger » en Oromifa). L’un des enfants avait un oiseau mort attaché à une ficelle qu’il faisait tourner au plus grand bonheur de ses camarades.

Ils sont tellement contents quand ils voient notre appareil photo et insistent pour être pris en photo. Il faut dire qu’ils sont de très jolis modèles aussi.
Nous avons aussi rencontré un vieil homme qui avait l’air d’avoir vécu le Déluge qui avait un visage tellement… National Geographic !

Notre journée s’est terminée par une séance « cinéma » à la maison des garçons (Austin, Tyler et Alex), avec un projecteur et tout ! Quel luxe !!

vendredi 30 mars 2012

Dr Tadesse, l'hôpital public et un accouchement normal



Tous les jours, nous rencontrons des nouvelles personnes intéressantes qui nous invitent à travailler avec eux. Aujourd’hui, nous avons rencontré Dr Tadesse, l’obstéricien de l’hôpital public de Gimbie, financé par le gouvernement. C’est un jeune gars, environ du même âge que Dr Wasihun, il parle très bien anglais et on a eu une bonne conversation autour d’un verre avec les deux docteurs à propos des moyens (limités) dont ils disposent dans leurs hôpitaux respectifs. L’équipement de l’hôpital public est meilleur car l’hôpital est plus récent (deux ou trois ans). Dr Tadesse nous a emmenées visiter son hôpital, il est pas très loin du nôtre, mais le nôtre est sur la route principale de Gimbie (goudronnée). L’hôpital public est au bout d’une longue route en terre battue très très abimée, le transport en ambulance jusqu’à là-bas devrait suffire à achever la victime, non pas qu’il y ait vraiment des ambulances pour transporter les patients de toutes façons !
Dr Tadesse nous a fièrement montré son nouvel appareil à échographies, sa salle d’opération digne d’un hôpital européen (si ce n’est pour l’état alarmant des sols et de l’équipement couverts de crasse) et sa salle d’accouchement avec « la salle de réa » pour nouveau-né, avec une autoclave (une machine à stériliser les instruments) qui sert aussi de chauffage pour les jours où il fait froid… De manière générale, l’équipement a l’air plus récent qu’à notre hôpital mais la route pour y accéder a de quoi décourager n’importe quelle femme en travail, et le niveau des employés y est apparemment moins élevé. L’hôpital de choix à Gimbie reste l’hôpital adventiste.
Le pauvre jeune docteur vit avec les six autres docteurs dans des petits studios, style corons des années 50 dans le Nord, à coté de l’hôpital, coincés au bout de cette horrible route. Son rêve est de retourner à Addis, où il a fait ses études. Il a été nommé pour travailler dans cet hôpital pour un minimum de 2 ans. C’est impressionnant parce que malgré le manque d’équipement, leur connaissance de l’obstétrique à l’air aussi, sinon plus, à la page que les docteurs qu’on a à Edimbourg. Ils ont tout les deux beaucoup plus d’expérience de cas compliqués que nos docs ne verront probablement jamais dans leur carrière.

Nous avons aussi eu l’opportunité de voir notre premier accouchement normal en Ethiopie ! C’était assez similaire à ce qu’on peut voir en Ecosse : le processus est le même, Ethiopienne, Française ou Britannique, il faut pousser le bébé. Bien sûr la table d’accouchement s’apparentait plus à une table de torture et l'intimité est un concept inconnu avec les deux tables côte à côte dans la salle d’accouchement. Notre dame a eu de la chance : elle était seule en travail à ce moment là.
On l’avait rencontré le matin, à 3cm, ses contractions n’étaient alors ni fréquentes, ni régulières mais c’était son quatrième bébé donc tout pouvait arriver très vite. A 11h30, elle était à 5cm et les contractions avaient commencé à être plus rapprochées. Elle était alors encore dans la salle de travail. A 2h, elle a été examinée encore et le col était complètement dilaté donc elle a été transférée en salle d’accouchement. Sur ces entre-faits, nous sommes passées par là par hasard et sommes donc restées pour l’accouchement.

Les IncoPads ou le sopalin n’existent pas en Ethiopie, on utilise le papier qui entoure les gants stériles pour mettre sous le derrière de la patiente. On utilise rien de jetable à part les gants que la sage-femme met. Une fois le bébé né, il est posé sur le ventre de la mère le temps d’être séché puis on l’emmène pour être pesé, lui donner son injection de vitamine K et des gouttes antibiotiques dans les yeux. Pendant ce temps, la maman reçoit sa piqûre d’ocytocine (qu’elle le veuille ou non, on lui demande pas son avis), on attrape le placenta qu’on met dans un seau vert à coté de la table d’accouchement (il sera enterré plus tard). Et là ! Stupeur ! La femme se lève et sort de la salle d’accouchement et on la conduit dans son lit où elle restera probablement une nuit. Pas besoin de lui demander quoi que ce soit, elle est descendu de son plein gré !





Deux nouveaux américains sont arrivés aujourd’hui, ils travaillent ici depuis Août et Octobre il me semble et était à Addis jusqu’à présent pour régler des problèmes administratifs. Alex a 24 ans, Tyler, 21. Ils dépendent tout les deux de l’église adventiste qui dirige l’hôpital. A l’origine, Alex était venu pour tenter d’installer un projet pour amener de l’eau potable à l’hôpital mais les possibilités et les finances se sont avérées plus compliquées que prévues donc il travaille plus pour la gestion de l’hôpital, avec Tyler qui lui est responsable de la gestion des cliniques rurales dépendantes de l’hôpital adventiste. Des rôles assez impressionnants pour des si jeunes garçons.

jeudi 29 mars 2012

Dr Wasihun, l'oromifa et planning familial


Hier et aujourd’hui ont été plus calme que les deux premiers jours. On a suivi Dr Wasihun la plupart du temps, c’est le gynéco éthiopien (il me semble que je l’ai mentionné auparavant mais je crois pas que j’avais orthographié son nom correctement. On est toujours pas sûr de la prononciation…) Il a notre numéro de téléphone et si jamais quelque chose d’excitant arrive, il nous appelle.
Suivre Wasihun est très intéressant, c’est un jeune docteur très compétent, très efficace. Il arrive à faire le maximum possible avec le strict minimum. Il est conscient à quel point ses capacités sont limitées par le manque de moyen disponibles à Gimbie. Et, contrairement à Dr Jeremy, il a le grand avantage de parler la même langue que les patientes. Ce qui est un avantage pour lui devient un désavantage pour nous : avec Dr Jeremy, l’interprète nous permettait de comprendre l’échange, au moins au même degré que le docteur lui-même. Avec Dr Wasihun, on comprend rien du tout à l’échange et on doit attendre la fin pour qu’il nous donne les détails cliniques. En temps que sages-femmes, c’est probablement la barrière impénétrable due à la langue la plus dure à surmonter : la communication est tellement importante dans le métier.
On essaie tant bien que mal d’apprendre quelques rudiments de la langue mais c’est une grammaire totalement différente de toutes les langues gréco-latines ou anglo-saxonnes. Ca fait presque une semaine qu’on est arrivées et on a toujours pas compris comment dire « bonjour » correctement ! C’est un dialogue super élaboré qui se traduit tout simplement en anglais par « hi ».
La première personne commence en disant « Fayaara ! » et l’autre répond un truc du genre « Nagaara ! » puis c’est à l’autre de redire « Faya ! » et l’autre « Naga ! » et on serre la main, on se tape l’épaule, puis ça continue « Akam ! » et ça s’arrête jamais. Vous avez rien compris ? Nous non plus.
Au moins, l’oromifa s’écrit en lettre latine, contrairement à l’amharique qui à ces propres symboles. Enfin, notre connaissance de l’oromifa est très très limitée pour le moment et vu la complexité de la grammaire, je pense pas qu’elle s’améliore beaucoup en 4 semaines…

Pour le moment, on a pas encore vu d’accouchement normal. Rien qu’aujourd’hui, deux dames ont du avoir une césarienne. Toute les deux étaient soupçonnés d’être à prêt de 45 semaines de grossesse (pour info, une grossesse dure normalement 40 semaines et si le bébé n’est pas né à 42 semaines en Ecosse, on déclenche le travail. En France, je crois même pas qu’ils attendent si longtemps.) A 45 semaines de grossesse, le placenta est beaucoup moins efficace et amène moins d’oxygène et de nutriment au bébé, c’est pour cela qu’on déclenche.
Un des deux bébés avait l’air assez post-mature (il était gros, assez fripé), mais l’autre avait l’air bien petit pour 45 semaines, et couvert de vernix (le truc blanc qui recouvre les bébés qui naissent un peu avant l’heure). C’est l’Ethiopie ! Les femmes ont aucune idée de la date de leurs dernières règles, la plupart des gens ne savent même pas leur âge ! Alors si on doit se fier à elles pour savoir à quel moment les accoucher, c’est très difficile !
               
                Les éthiopiens sont petits en général, et très minces, voir maigres. Ils font donc de tout petits bébés : un bébé de 2kg500 est de taille normale et plus de 3kg500 considéré comme un gros bébé. Toutes les femmes allaitent, sans problème aucun. Le lait en poudre est tellement onéreux que la plupart ne pourrait pas se le payer. Même les femmes contaminées par le VIH sont conseillées d’allaiter leur enfant car le risque de transmission du virus est plus faible que le risque de mort à cause de malnutrition. Le taux de séroprévalence du VIH est plus bas que ce qu’on pensait au début : 4% « seulement ».

                La contraception commence à faire son chemin dans la mentalité des éthiopiens. Dr Wasihun nous a dit que les préservatifs étaient trop chers et très peu utilisés, mais la pilule ou les injections de progestérone deviennent de plus en plus communes. On a passé une heure cet après-midi avec l’infirmière du planning familial, qui s’occupe aussi de l’immunisation des enfants. Elle conseille les jeunes mères et s’occupe de poser des implants ou des stérilets en cuivre, de faire les piqûres de progestérone et elle distribue la pilule. Tous ces services sont gratuits. Pas les capotes...

mardi 27 mars 2012

Deuxième jour


Aujourd’hui, notre journée a commencé à peu près comme celle d’hier. On a mangé un super p’tit dèj avec les pancakes de Bigigdu et sa purée de mangue, banane et orange. Dé-li-cieux !
                Ensuite ward round avec Dr Washen, puis on est allé aidé Becky à enseigner comment réparer des déchirures et épisiotomies. L’ironie dans tout ça, c’est que on a appris nous même seulement il y a quelques semaines ! Vous verrez les photos, c’était très drôle !
                J’ai fait une démonstration ‘live’ sur une éponge. Puis on a distribué des éponges à tout le monde et on (Tessa, Becky et moi) s’est baladé dans la salle de classe pour les aider.
                La classe de Becky est très particulière : 22 étudiants, à peu près moitié hommes, moitié femmes, de tout les âges, de 19 à 40 ans. Ils ont un niveau scolaire assez limité (ils sont allés à l’école jusqu’à 16 ans) et certains d’entre eux savent probablement à peine lire et écrire. Il y en a deux ou trois qui paraissent vraiment bons et intéressés. D’autres qui essayent vraiment et font de leur mieux. Et d’autres qui donnent l’impression de rien piper du tout.

                L’aprèm, c’était consultations avec Dr Jeremy encore.

lundi 26 mars 2012

Premier jour à Gimbie


En attendant que quatre autres étudiants en médecine, britanniques, nous rejoignent dans notre maison, nous mangeons chez Austin, l’administrateur de l’hôpital.
Bigidu, notre « domestique », cuisine pour nous matin, midi et soir et on mange ce qu’elle nous prépare, même si on sait pas toujours ce que c’est exactement. Jusqu’à maintenant, c’était bon. Végétarien, toujours, parce que ici la viande est pas forcément réfrigérée (même probablement pas…), donc on évite.
Je pense donc que ça va être notre routine jusqu’à ce que les autres arrivent :
On monte chez Austin vers les 7h30-8h, on mange notre petit-dèj’ puis à 8h30, on monte à l’hôpital pour faire un tour des patients (« ward round ») avec le docteur (soit Washen, le gynéco éthiopien ou Jeremy, le gynéco anglais), voir ce qui c’est passé pendant la nuit, vérifier que tout va bien, etc…
Après le « ward round », on fait autre chose : on a pas accès aux salles d’accouchement le matin parce que les élèves-infirmiers sont sur place le matin.

Lundi matin, notre premier matin, Dr Jeremy nous a montré l’aile de l’hôpital réservée aux femmes. Tout les cas sont admis ici, la seule condition est d’être une femme : il y a donc des femmes qui viennent d’avoir leur bébé, des femmes qui ont des os cassés, des femmes qui vont accoucher, des femmes qui ont des infections pulmonaires comme une pneumonie par exemple… Il y a une salle d’accouchement avec deux tables d’accouchement. Les femmes restent en travail dans le couloir jusqu’à ce qu’elles soient prêtes à accoucher. Elles sont alors transférées en salle d’accouchement, poussent et ressortent avec un bébé maximum une heure plus tard ! Pas d’analgésie, à la dure.
Lors de nos 5 premières minutes sur place, nous avons vu une césarienne, le cœur du bébé ralentissait dangereusement. La péridurale a été posée en 2 minutes, grand max, par un infirmier anesthésiste. En Ecosse, ils mettent minimum un quart d’heure, et c’est des docteurs qualifiés ! Nous étions donc impressionnées. La césarienne a suivi, sans encombre, 2 minutes plus tard le bébé était né ! Tu parles d’efficacité !!

Lundi après-midi, on a vu des patientes avec Dr Jeremy. Des femmes enceintes qui viennent pour savoir où elles en sont dans leur grossesse, la seule fois où elles verront quelqu’un… Mais aussi des femmes avec des problèmes gynéco. Par exemple, une femme de 22 ans qui avait le ventre gonflé : l’écho a montré qu’elle avait des ovaires poly cystiques qui produisaient beaucoup de fluide, probablement un cancer des ovaires à un stade très avancé. La question était ensuite de demander à son père s’il pouvait lui payer le traitement nécessaire pour lui rendre la vie plus confortable. La chimio est hors de question, on a pas l’équipement nécessaire. Tout ce qu’on peut faire, c’est drainer le fluide et lui rendre les quelques mois de vie qui lui reste moins douloureuse… C’est la très dure réalité de l’Afrique. Si son père ne peut pas payer le traitement, alors… elle mourra dans la douleur.

Sur une note plus joyeuse, Dr Jeremy nous a aussi appris à faire des échos ! On a appris à cherché le cœur du bébé, mesurer le diamètre de la tête… C’était super ! On n’aurait jamais fait ça en Ecosse !
Après la série de rendez-vous, on est sorties avec Dr Jeremy et sa femme Karen pour aller boire une bière à un des bars du coin, La bière éthiopienne, la St George, est vraiment super bonne !
En Ethiopie, pas grand-chose est organisé, par contre dans la rue principale de Gimbie, la seule rue goudronnée, les piétons doivent marcher d’un coté de la rue pour aller dans un sens et de l’autre pour aller dans l’autre ! Super organisé ! Par contre, tout le monde marche sur la route. Enfin, c’est pas comme si il y avait beaucoup de circulation sur la route ! Des chèvres, des vaches, des ânes, des chiens, oui. Des voitures, pas trop, non.

Puis, le soir, dîner chez Austin encore, avec Becky. Une bonne journée bien remplie, somme toute !