vendredi 30 mars 2012

Dr Tadesse, l'hôpital public et un accouchement normal



Tous les jours, nous rencontrons des nouvelles personnes intéressantes qui nous invitent à travailler avec eux. Aujourd’hui, nous avons rencontré Dr Tadesse, l’obstéricien de l’hôpital public de Gimbie, financé par le gouvernement. C’est un jeune gars, environ du même âge que Dr Wasihun, il parle très bien anglais et on a eu une bonne conversation autour d’un verre avec les deux docteurs à propos des moyens (limités) dont ils disposent dans leurs hôpitaux respectifs. L’équipement de l’hôpital public est meilleur car l’hôpital est plus récent (deux ou trois ans). Dr Tadesse nous a emmenées visiter son hôpital, il est pas très loin du nôtre, mais le nôtre est sur la route principale de Gimbie (goudronnée). L’hôpital public est au bout d’une longue route en terre battue très très abimée, le transport en ambulance jusqu’à là-bas devrait suffire à achever la victime, non pas qu’il y ait vraiment des ambulances pour transporter les patients de toutes façons !
Dr Tadesse nous a fièrement montré son nouvel appareil à échographies, sa salle d’opération digne d’un hôpital européen (si ce n’est pour l’état alarmant des sols et de l’équipement couverts de crasse) et sa salle d’accouchement avec « la salle de réa » pour nouveau-né, avec une autoclave (une machine à stériliser les instruments) qui sert aussi de chauffage pour les jours où il fait froid… De manière générale, l’équipement a l’air plus récent qu’à notre hôpital mais la route pour y accéder a de quoi décourager n’importe quelle femme en travail, et le niveau des employés y est apparemment moins élevé. L’hôpital de choix à Gimbie reste l’hôpital adventiste.
Le pauvre jeune docteur vit avec les six autres docteurs dans des petits studios, style corons des années 50 dans le Nord, à coté de l’hôpital, coincés au bout de cette horrible route. Son rêve est de retourner à Addis, où il a fait ses études. Il a été nommé pour travailler dans cet hôpital pour un minimum de 2 ans. C’est impressionnant parce que malgré le manque d’équipement, leur connaissance de l’obstétrique à l’air aussi, sinon plus, à la page que les docteurs qu’on a à Edimbourg. Ils ont tout les deux beaucoup plus d’expérience de cas compliqués que nos docs ne verront probablement jamais dans leur carrière.

Nous avons aussi eu l’opportunité de voir notre premier accouchement normal en Ethiopie ! C’était assez similaire à ce qu’on peut voir en Ecosse : le processus est le même, Ethiopienne, Française ou Britannique, il faut pousser le bébé. Bien sûr la table d’accouchement s’apparentait plus à une table de torture et l'intimité est un concept inconnu avec les deux tables côte à côte dans la salle d’accouchement. Notre dame a eu de la chance : elle était seule en travail à ce moment là.
On l’avait rencontré le matin, à 3cm, ses contractions n’étaient alors ni fréquentes, ni régulières mais c’était son quatrième bébé donc tout pouvait arriver très vite. A 11h30, elle était à 5cm et les contractions avaient commencé à être plus rapprochées. Elle était alors encore dans la salle de travail. A 2h, elle a été examinée encore et le col était complètement dilaté donc elle a été transférée en salle d’accouchement. Sur ces entre-faits, nous sommes passées par là par hasard et sommes donc restées pour l’accouchement.

Les IncoPads ou le sopalin n’existent pas en Ethiopie, on utilise le papier qui entoure les gants stériles pour mettre sous le derrière de la patiente. On utilise rien de jetable à part les gants que la sage-femme met. Une fois le bébé né, il est posé sur le ventre de la mère le temps d’être séché puis on l’emmène pour être pesé, lui donner son injection de vitamine K et des gouttes antibiotiques dans les yeux. Pendant ce temps, la maman reçoit sa piqûre d’ocytocine (qu’elle le veuille ou non, on lui demande pas son avis), on attrape le placenta qu’on met dans un seau vert à coté de la table d’accouchement (il sera enterré plus tard). Et là ! Stupeur ! La femme se lève et sort de la salle d’accouchement et on la conduit dans son lit où elle restera probablement une nuit. Pas besoin de lui demander quoi que ce soit, elle est descendu de son plein gré !





Deux nouveaux américains sont arrivés aujourd’hui, ils travaillent ici depuis Août et Octobre il me semble et était à Addis jusqu’à présent pour régler des problèmes administratifs. Alex a 24 ans, Tyler, 21. Ils dépendent tout les deux de l’église adventiste qui dirige l’hôpital. A l’origine, Alex était venu pour tenter d’installer un projet pour amener de l’eau potable à l’hôpital mais les possibilités et les finances se sont avérées plus compliquées que prévues donc il travaille plus pour la gestion de l’hôpital, avec Tyler qui lui est responsable de la gestion des cliniques rurales dépendantes de l’hôpital adventiste. Des rôles assez impressionnants pour des si jeunes garçons.

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