vendredi 20 avril 2012

Internet à Gimbie

Depuis notre retour de Green Lake, Internet ne marchait pas à Gimbie. 10 jours sans Internet! C'est les aléas de la vie à Gimbie.
C'est la raison pour laquelle je n'ai pas actualisé mon blog aussi régulièrement ces derniers temps.
Stu, le copain de Tessa, est arrivé à Gimbie mardi soir dernier.
Aujourd'hui, c'était notre dernier jour à Gimbie. Demain, on se lève à 4h du matin pour prendre le bus pour Addis où Antoine nous rejoindra. Puis dimanche, on ira chacun de notre coté, Antoine et moi vers le Sud pour faire du cheval dans les montagnes Bale (!!) et Tessa et Stu vers le Nord pour aller visiter l'Ethiopie historique.
Je continuerai mon blog à mon retour en Ecosse, avec les photos qui vont avec. Promis!

vendredi 13 avril 2012

L'excursion a Green Lake du 10 au 12 avril

Le HAG a plusieurs petites antennes dans les zones rurales aux
alentours de Gimbie. Mardi dernier, Alex et Tyler nous ont invités à
aller à une de ces cliniques rurales, à Green Lake.
On est partis vers 9h le mardi matin de Gimbie avec le 4x4 de
l'hôpital. Le chauffeur devait nous déposer à Green Lake puis
continuer sa route vers Addis avec Dr Peter et sa femme Ester (le
directeur médical de l'hôpital).
L'aller s'est donc bien passé, on s'est arrêtés pendant deux heures à
Nekemte parce que les garçons avaient un meeting avec des responsables
gouvernementaux, on en a profité pour manger un petit déj' super bon
appelé « fatira », en gros, c'est deux espèces de crêpes épaisses avec
une très fine omelette au milieu et plein de miel sur le dessus qui
dégouline. C'est super bon.
La route entre Gimbie et Nekemte est goudronnée, et ça prend environ
1h en voiture. Entre Nekemte et Bako, la route est goudronnée en
pointillé, le reste est en terre battue. Très poussiéreux. Entre Bako
et Green Lake, la route est exclusivement en terre battue, et même
jusqu'à récemment, il n'y avait pas de route du tout et il fallait y
aller à cheval !
De Nekemte à Green Lake, on a mis à peut près cinq heures. Le
chauffeur nous a donc déposé là-bas et à continué sa route vers Addis.
Notre groupe était composé de Tessa, moi, Alex, Tyler et Dawat (le
directeur éthiopien des cliniques rurales).
La clinique de Green Lake est au milieu de nulle part, il y a
plusieurs petits villages aux alentours mais c'est difficile de
définir le nombre d'habitants qui bénéficient de cette clinique. La
première bourgade est à trois heures de marche de la clinique.
La clinique elle-même est située dans un bâtiment des 60's qui a l'air
abandonné tant l'accumulation de poussière, de bric-à-bac cassé et
l'état général du bâtiment est affligeant. Pourtant, deux infirmiers,
une laborantine, et une « femme de ménage/caissière », nommés par le
HAG, travaillent là-bas 24h/24, 7 jours/7.
La clinique n'a ni accès à l'eau courante, ni à l'électricité. Malgré
tout ça, le bâtiment a vraiment un potentiel intéressant : il y a une
salle de consultation, un dispensaire/pharmacie, une salle
d'accouchement, un labo et toute une série de cinq ou six pièces qui
devait être le logement de fonction de l'infirmier de garde qui a un
superbe potentiel mais qui est complètement en ruine. Le canapé et le
fauteuil dans la pièce à vivre sont complètement éventré, la gazinière
tombe en lambeau et à l'air de dater autant que la maison elle-même…
Le bâtiment avait accès à l'eau courante avant, il y a donc des
toilettes, une douche, même un bain et des éviers dans toutes les
pièces où un évier est nécessaire. Mais comme l'eau n'y a pas coulé
depuis si longtemps, la crasse accumulée fait oublier la couleur
originale de la porcelaine.
La clinique est située dans un endroit idéal, absolument magnifique,
tout vert. Il faudrait si peu pour rendre le lieu habitable et
agréable. Pour le moment, on plaint les pauvres infirmiers qui sont
coincés là-bas. De plus, gérer une clinique sans eau ni électricité
doit être un sacré challenge, comme on l'a vérifié le soir même.
Après avoir fait un bref état des lieux, on a décidé de sortir
explorer les alentours. Juste à coté de la clinique, il y a une école.
Les cours sont le matin jusqu'à 3h donc on a demandé au garde si on
pouvait visiter les salles de classes et il a accepté avec
enthousiasme. Il y avait 8 salles de classes, sans portes ni fenêtres,
avec des sièges et des tables pour environ 40 élèves dans cinq d'entre
elles. Dans les trois dernières, il n'y avait que des bancs en bois
qui avaient l'air très bancal et dont la plupart étaient couché sur le
sol. Les leçons du jour étaient encore sur les tableaux noirs : des
maths, de l'histoire (en anglais), et… surprise !... de l'informatique
!! Sans ordinateurs, la plupart des élèves n'ayant probablement jamais
vu un ordi de leur vie, la leçon au tableau expliquait comment ouvrir
Word, à quoi sert la route « enter », etc. On se demande encore à quoi
pouvait bien servir ce genre de cours et à quel point la confusion
générale doit régner parmi les élèves quand ils ont cours
d'informatique… Malheureusement, on n'avait pas pensé à prendre notre
appareil photo et on n'a pas eu le temps d'y retourner pour prendre
des photos.
De retour à la clinique, le soleil était près à se coucher et on
commençait à être bien fatigués par la route. On a mangé un « shiro »
(sauce aux lentilles, haricots, tomates, pois chiches, oignons et
pleins de piments) qu'une famille locale avait préparé pour nous avec
la traditionnelle injera (il n'y a bien sûr pas de restaurant à Green
Lake). C'était fort mais bien bon.
Après ça, on a décidé de profiter de l'absence de lumière pour aller
s'allonger sur le terrain de foot de l'école toute proche pour
regarder les étoiles comme jamais on les voit chez nous. C'était un
spectacle grandiose.
On était peut être allongé depuis une demi-heure quand un convoi est
arrivé à la clinique : des hommes avaient transporté un vieil homme
sur une civière faite maison, des femmes suivaient et pleuraient.
L'homme sur la civière puait l'alcool et s'était vraisemblablement
battu. Il avait une entaille dans la tête qui saignait beaucoup et
l'épaule gauche dans un sale état. Les hommes qui l'accompagnaient
l'ont transporté sur la table d'examen dans la salle de consultation.
La table d'examen n'avait pas de housse en plastique et le similicuir
était éventré, le sang était donc directement absorbé par la mousse.
Les deux infirmiers tentaient tant bien que mal d'examiner le patient,
avec pour seule lumière celle des lampes torches que nous tenions en
direction du patient. Fort heureusement pour lui, le patient s'est
vite évanoui et l'infirmier a pu lui raser la tête et suturer
l'entaille qu'il avait dans la tête. La bosse était comparable à un
œuf de canard. Considérant les moyens très restreints dont disposaient
les infirmiers, ils ont fait un beau travail.
Après toute cette excitation, on est allés se coucher ce qui devait
anciennement être la pièce à vivre mais qui était maintenant à
l'abandon total, meublé d'une table, du canapé et du fauteuil éventré
que j'ai mentionné plus tôt et d'un sommier complètement déglingué. On
nous a amené deux matelas en paille et on les a étendus sur sol. Tessa
et moi avons dormi entre Alex et Tyler dans les sacs de couchage que
nous avions amené.
Le lendemain, Tessa et moi avons mis au point deux livres pour
documenter les rendez-vous prénataux de suivi de grossesse et les
accouchements, la documentation jusqu'alors était quasi-inexistante.
Au jour d'aujourd'hui, le nombre d'accouchement est assez limité à la
clinique. Les femmes accouchent généralement chez elles. Même si elles
atteignent la clinique, hormis un infirmier vaguement informé sur les
soins obstétriques, elles n'auront pas accès à grand-chose : ils ne
disposent pas de médicaments pour traiter une hémorragie, une crise
d'éclampsie ni même pour traiter la pré-éclampsie… On peut donc pas
faire grand-chose pour les aider en cas de crise majeure…
On a aussi fait des recommandations pour des choses essentielles dont
la clinique ne dispose pas mais devrait vraiment avoir, comme par
exemple deux kits stériles pour l'accouchement, avec des pinces, des
ciseaux, du fil pour attacher au bout du cordon ombilical, qui
seraient toujours prêts dans l'éventualité qu'une femme enceinte
débarque pour accoucher.
On a aussi suggéré l'ajout d'un lit dans la salle d'accouchement pour
que les femmes puissent se reposer avant de repartir vers où elles
viennent, à plusieurs heures de marche pour certaines.
Malheureusement, on a pas vu de femmes enceintes pendant qu'on était à
la clinique. Les infirmiers sur place étaient sensés nous faire de la
pub car généralement, l'arrivée de « faranjis » a toujours un effet
d'attraction sur la population.
A trois heures et demi, tout était dans l'ordre, les garçons avaient
fini leurs affaires, nous les nôtre. On a donc entamé la longue route
du retour. Premièrement, on a marché pendant trois heures à travers
des plaines vers la ville la plus proche nommée Harato où nous avons
passé la nuit. On a mangé un super repas appelé « tagamino », une
espèce de purée de pois chiches, lentilles et/ou haricots avec
beaucoup d'ail et beaucoup d'épices et de piment.
L'hôtel semblait être le comble du luxe après trois heures de marche
et la nuit qu'on avait passé avant. Les toilettes étaient
indescriptibles tellement elles étaient dégueulasses, mais c'était
vraiment un tout petit détail qui était facile à oublier (un trou dans
le sol avec des planches de bois dessus, et tout les excréments qui
vont avec). On a payé 35birr pour la nuit pour deux, ce qui fait
environ un euro cinquante… On peut pas vraiment se plaindre de
grand-chose pour ce prix là !
Le lendemain, réveil à cinq heures et demi. On a attendu dans la rue
principale qu'un bus passe et veuille bien nous prendre. C'était sans
compter que c'était le week-end de Pâques en Ethiopie (la Pâque
orthodoxe est une semaine après chez nous) et que tout le monde
voulait aller rendre visite à leurs familles… A six heures du mat, la
rue était bondée et le premier bus n'a pas pu nous prendre. On nous a
ensuite dit que le prochain était à cinq heures du soir : moment de
panique, qu'allions nous faire entre six heures du mat et cinq heures
de l'aprèm à Harato, la ville où il n'y a rien à part un hôtel et un
restaurant et beaucoup de gens qui nous fixe tellement fort que ça en
devient intimidant ? Heureusement, à sept heures, un autre bus s'est
pointé, quasiment aussi blindé que le premier mais qui a bien voulu
nous prendre, debout, tout serrés dans l'allée centrale du bus sur la
route en terre battue… Je peux vous dire que c'était une aventure ! Je
pense que notre peau blanche a joué un gros rôle dans le fait que le
bus ait bien voulu nous prendre. L'ironie dans tout ça et que parmi
les passagers qui voyageaient illégalement debout dans le bus, il y
avait deux flics en uniforme!!
Le trajet a duré deux heures entre Harato et Bako. A Bako, on a bu un
petit café et une petite miche de pain (notre petit déj du jour) à la
gare routière et on a pris un autre bus en direction de Nekemte, trois
heures de plus. On a encore eu un exemple d'absurdité des lois et de
la réalité des choses : le reçu pour le prix du bus affichait 26birr
mais tout le monde a payé 50birr parce que c'est ce que le contrôleur
avait demandé et que c'est le « business » !
Arrivés à Nekemte, la gare routière était bondée, pleine de gens
rentrant chez eux pour le week-end de Pâques. C'était la guerre totale
pour monter dans le minibus qui allait nous ramener à Gimbie : on a
failli se séparer en deux groupes. Tyler a réussi à se frayer un
passage dans le bus, puis Tessa a réussi à me pousser à l'intérieur
pendant qu'un autre gars tirait de l'intérieur. A ce moment-là, le bus
était plein : 14 places, 14 personnes, tout était normal. On pensait
qu'Alex et Tessa allaient prendre le prochain bus et qu'on se
rejoindrait à Gimbie. C'était pas idéal mais ça allait le faire.
Hors du bus, l'agitation était toujours à son comble. Dans le bus
aussi d'ailleurs. Le gars qui m'avait tiré à l'intérieur m'a fait
comprendre dans un anglais approximatif qu'on pouvait se serrer et
qu'il y avait donc de la place pour Tessa aussi. Sur ceux, Tessa a
réussi à monter. Puis, le bus commence à partir jusqu'à ce qu'un petit
ado devant nous dise que sa place était à vendre : il s'était faufilé
dans le minibus dès le début et avait réservé sa place pour la
revendre à prix d'or (10birr) à qui voudrait l'acheter. Tout le monde
dans le bus à commencé à crier « Alex, it's for Alex !!». Alex a donc
pu monter avec nous ! Tout est bien qui finit bien !
Arrivée à Gimbie, deux heures plus tard, on était tous à des degrés
plus ou moins important d'hypoglycémie n'ayant rien avalé depuis la
miche de pain du matin à Bako. On s'est donc arrêté chez Jimi Juice,
un bar à jus absolument délicieux ! Jus de papaye, de mangue et
d'avocat, rien de tel pour se ravigorer ! Puis on a couronné le tout
par quelques samosas bien mérités.
Sans douche depuis trois jours, et après une journée de voyage sur la
route la plus poussiéreuse du monde, ça faisait du bien d'arriver !
Quel voyage !!

dimanche 8 avril 2012

Le stade de Gimbie

Tout les lundis, mercredis et jeudis, c'est jour de frisbee! A 6h du mat', on rejoints les gars et Becky et on descend au stade pour une petite partie de frisbee bien ravigorante. Bon, j'avoue que on a pas été aussi assidues que ça mais on essaie de s'y tenir parce que c'est tellement drôle!
Au stade, trois filles et un gars attendent de pied ferme notre arrivée pour commencer à jouer.

Le stade de Gimbie est situé à un quart d'heure de marche de l'hôpital, il est en terre battue et a des gradins très irréguliers de part et autre du terrain.
Samedi, on a fait une entorse à la règle du 6h du mat' et on est allés jouer avec les américains qui sont la pour dix jours pour opérer des femmes souffrant de prolapsus génitaux. Ils opèrent toute la journée et ne peuvent pas se lever à 6h pour le frisbee, c'était donc une séance de rattrapage en plein cagnard à 4h de l'aprèm. Ca tapait sérieux.
Le stade de Gimbie



Les joueurs de frisbee dans les gradins
Dans la même veine, Alex va jouer au foot avec des enfants quelques aprèm par semaine (Mathis adorerait ça!). Vendredi soir (5h), il m'y a amené pendant que Tessa allait boire un jus avec Tyler, Becky et Austin.
Alex et les jeunes footballeurs
J'ai joué une manche (chaque manche est en un point et après on change d'équipe), mon équipe ayant perdu  (!!), je suis allée m'assoir par terre à coté du terrain et deux petites filles sont arrivées et on commancé à dessiner sur la terre battue du stade avec un baton et à pointer en me disant ce qu'elles dessinaient. Quand il y avait plus de place autour de nous pour dessiner, la plus petite (Fatya) a commencé à me dessiner sur le bras avec son petit bâton. Bientôt, tous les garçons qui jouaient pas se sont amassés autour de nous et j'ai eu droit à une super leçon d'oromifa. Un des élèves de Becky qui m'avait accompagnée au stade a sorti un papier et un stylo de sa poche et on a continué la leçon de façon plus traditionnelle. Je sais maintenant dire fleur (ababa), maison (mana), chèvre (retti), vache (sawa), arbre (muka), chat (adure), eau (bishaan), fille (dubra), garçon (dhira), gens (nama), ballon (kuba), café (buna), thé (shai), papillon (brobra), sage-femme (desisitu) et aussi des choses essentielles comme "comment t'appelles-tu?" (wakaan ke enyu?) et "quel âge as-tu?" (wagaan ke meeqa?). Je sais aussi compter jusqu'à 19, j'arrive jamais à retenir comment on dit 20... 
      Tous ceux qui connaissent ma passion pour les langues savent que je me suis éclatée à apprendre tout ça! Et l'ambiance y a aussi fait pour beaucoup avec tout le monde qui voulait participer.
Mes deux petites institurices, Fatya et Jaaleenha




Sortie au resto

Hier soir, jour de fête, on est tous allé au resto! On est allé dans un resto où la dame qui le tient nourrit une dizaine d'enfants de la rue (abandonnés et sans-abris). 
On a commencé par une tournée de sodas, ce que Austin a à la main ci-dessous s'appelle "Mirinda", c'est le soda local, à mi-chemin entre l'Orangina et le Fanta orange. Les éthiopiens en raffolent et pendant l'accouchement, c'est ça que les femmes boivent.
Tessa, Austin & Becky
      On a mangé du bayaanati qui est un assortiment de plusieurs types de ragoûts de légumes, comme des lentilles (shiro), des bettraves rouges, des carrotes, du chou, des patates... Le tout cuit avec plus ou moins d'ail, de gingembre et/ou de piments. Tout ça se mange avec l'injera, une espèce de crèpe aérée et au goût aigre, dont on se sert pour enveloper la nourriture. On mange avec les doigts et tous dans le même plat! Par contre, c'est très mal poli de prendre de la nourriture du coté de son voisin.
     La dame faisait que de nous ramener plus des différents ragoûts et d'en rajouter, comme une corne d'abondance, c'était impossible à finir.
Bayaanati avec injera

Alex & moi, dégustant

De gauche à droite: Austin, Becky, Alex, Sophie, moi, Lucy, Hannah, Laura et Tyler (devant) avec les restes d'un bon repas

jeudi 5 avril 2012

Caring for women in labour


Je m'excuse auprès de tous mes lecteurs francophones mais cet article necessite trop de jargon spécifique que je ne sais pas traduire en français.

Finally on Tuesday we got to assess, admit and care (to a certain extent, without being able to communicate) for two women in labour. Both prims, we picked one each and were going backward and forward to the labour room, listening in to fetal heart, etc… The midwives were more or less translating what we were saying but from my point of view they lack the caring soft voice that midwives should use to some extent when caring for laboring women.
We admitted them at about 2.30pm and by 5.30, my lady was acting really distressed, curling up her body with each contraction and as I had been massaging her back for most of the afternoon (her only “pain relief”), I could feel the tail bone slowly shifting and I was getting excited. I then went to find one of the midwives for her to translate and ask my women whether she was feeling any pressure in her bottom. This was a new midwife, night shift, and apparently she had a different conception of intrapartum care… She asked me whether the woman was fully and I said I didn’t know and quite frankly it wasn’t really the point. I only wanted a very simple question answered: “is she feeling pressure in her bottom?”
Anyway, she came round to the woman, shouted something in oromifa upon which the woman rolled onto her back, put a glove on and promptly examined her. My question was left unanswered. She then faced me and said she was 4 cm, no information about station or position was given.
By that point, Tessa was having an equally distressing and frustrating time with her lady who she had ARM’d for augmentation on Dr Jeremy’s orders and found meconium stained liquor and therefore wasn’t allowed to walk around (!!). The lady was rolling around in her bed and saying that she wanted to get up and walk (according to the midwife’s translation). All the same, the midwife was categorical that she shouldn’t walk around.
At that stage, we decided to go out and get some fresh air and debrief on the lack of evidence backing up the midwife’s decision. We also felt like there was no easy way of telling her that. By the time we came back, I found out my lady had delivered. She had been able to get up and mobilize. Even so, one hour to go from 4 cm to fully for a prim seems pretty hard going. Anyway, there is no way of checking if the midwife was right.
Tessa’s woman was sent for section at 8.00 for failure to progress. Not fetal distress. Failure to progress. We’ll never know if a little walking around would have spared that Ethiopian lady the scar tissue on her young uterus.
So that was our first experience of labour ward, and we wish we had a few more years of experience in order to be able to take over the care completely and take full responsibility.

On Thursday, we had agreed to phone Tyler should anybody deliver as he wanted to see a normal delivery. We witness the delivery of a para 3, I had never seen so much perineal stretching in my life, the midwife was pushing and pulling so hard on that poor woman’s perineum, it was sore just watching. When the head crowned, she then promptly pushed on the “ring of fire” to “help” deliver the head. Then again, there was no lingering about waiting for restitution, she pulled on the baby’s head and what would normally take at least a couple of minutes took a couple of seconds. Thankfully, the woman had a very resilient vagina and did not tear although we were expecting to see a third degree at least!
Third stage management is also an epic demonstration of fundus fiddling, as if they were trying their best to give this woman a PPH. They simply won’t stop massaging the uterus until the placenta gets out. And even then, they’ll carry on rubbing it for some time. Some midwives are worse than others, but I don’t think any of them would pass the exam on third stage management. All women get an active third stage management too, it is not an option not to have one.
All in all, probably not the best first experience for Tyler to watch. All the while I was hearing Becky (the local midwifery college lecturer)'s voice in my head telling her midwifery student that “Midwifery is all about waiting” and “why do midwives get less tears than doctors? Because they wait!” How ironic!

mercredi 4 avril 2012

Ganji Health Centre

Taking blood pressures at Ganji Health Centre

Mercredi, on est allées à un centre médical à deux heures de route de Gimbie. Karen, la femme du Dr Jeremy, y va environ une fois par semaine pour faire des échographies sur les femmes enceintes et détecter un maximum de femmes qui doivent impérativement accoucher soit au centre médical, soit à l'hôpital en fonction de la gravité de leur condition.
Au centre médical, il n'y a pas de docteurs, mais il y a des infirmiers et des sages-femmes qui peuvent administrer des médicaments en cas d'hémorrhagie par exemple.
Lors d'une journée au centre médical, Karen voit entre vingt et trente femmes. Toutes sont très intéressées à l'idée d'être vues par une "faranji" (étrangère) et de voir leur bébé sur l'écho.

Lors de notre visite, nous avons vu deux femmes qui avait un besoin urgent d'être admise à l'hôpital. L'une enceinte de 4-5 mois dont le bébé était mort mais où la fausse-couche n'avait pas encore eu lieu, et l'autre dans un état avancé de pré-éclampsie.
Nous avions une place de libre dans la voiture pour le retour, nous avons donc ramené la première à Gimbie pour qu'on puisse déclencher la fausse couche et limiter le risque d'infection.
La deuxième est restée à Ganji et Karen et Jeremy ont décider de revenir vendredi pour rendre visite à une jeune maman de jumeaux qu'ils avaient aidé il y a quelques semaines et donc en profiter pour ramener l'autre patiente.

lundi 2 avril 2012

Baptême du feu


Arrivée en salle d’accouchement, une femme était en train de pousser sur la table d’accouchement.  Dr Wasihun était en train de se préparer à faire une ventouse parce qu’elle poussait pas assez fort. Il est important de noter qu’elle était aussi allongée à plat dos, la pire position possible pour pousser avec efficacité. Immédiatement, on a pensé que la meilleure chose à faire aurait probablement été de la faire changer de position : debout, accroupie ou même sur le coté ! Rien de tout ça n’est arrivé. La tête du bébé nous semblait trop haute pour tenter une ventouse, mais qui sommes nous pour remettre en cause la décision d’un obstétricien ! Bref, la femme a eu une déchirure au 4ème degré (déchirure jusqu’au sphincter anal, aouch !) et c’était très frustrant de voir ça parce que ça venait clairement d’une très mauvaise gestion de la part du Dr Wasihun. Si seulement il l’avait fait bouger !! Peut être que son anus aurait été sauvé !

Après notre session à l’école de sage-femme, dont j’ai déjà parlé, en revenant à l’hôpital, on a vu Dr Wasihun qui avait fait une césarienne à une femme avec un bébé très très difforme, à un point qu’on ne verrait quasiment jamais en Europe. Le bébé a la tête énorme, gonflée d’eau (hydrocéphalie), il lui manque une vertèbre donc la moelle épinière sort dans le bas du dos (spina bifida) et il a les jambes complètement difformes et il ne peut pas les bouger (un des effets de la spina bifida). Bref, il a absolument aucune chance de survie. La maman ne veut pas le voir donc les infirmières et sages-femmes s’en occupent. Ce genre de problème et le résultat d’un manque d’acide folique (vitamine B12) dans l’alimentation des éthiopiens et d’un suivi anténatal inexistant.

Dans la même journée, on a aussi accouché une femme dont le bébé était mort-né, notre premier accouchement que nous avons géré nous même en Ethiopie ! Tu parles d’un baptême du feu !
Le plus dur était de ne pas pouvoir communiquer avec la dame. C’était son premier bébé. La sage-femme qui était avec nous (et traduisait pour nous) ne la traitait en aucun cas différemment des autres femmes en travail, bébé mort ou pas. Le pire dans tout ça, c’est qu’il y avait une autre femme en début de travail allongée sur l’autre table d’accouchement et directement témoin de la naissance d’un bébé mort-né, couvert de méconium.
Tessa a fait l’accouchement, en suivant les instructions de la sage-femme qui étaient assez différentes de ce qu’on fait en Ecosse, avec des méthodes absolument obsolètes et des idées complètement dépassées (ce qu’il y aurait eu en Europe il y a 20-30 ans). Quand le bébé est finalement arrivé, on l’a juste posé sur un drap en plastique par terre. Il semblait qu’il était mort depuis un moment déjà.
J’ai ensuite été en charge de suturer son périnée. Toute seule. Enfin, avec le soutien moral de Tessa et « l’aide » de la sage-femme. Le fil pour suturer était différent que celui qu’on utilise en Ecosse avec une aiguille beaucoup plus petite (chromic 2.0). J’ai du insister auprès des sages-femmes pour qu’elle me donne de la lidocaïne (anesthésiant), elle voulaient pas m’en donner car « la déchirure était très petite ». Oui, mais quand même, j’avais pas spécialement envie de piquer quelqu’un dans le périnée sans l’endormir auparavant ! 1) parce que ça doit faire super mal et 2) parce que si la femme n’est pas détendu et sursaute à chaque fois que je la touche, j’ai plus de chances de me piquer avec l’aiguille !
C’était vraiment pas facile à suturer avec du fil et une aiguille que je connaissais pas, sans champ stérile ( !) et avec juste une lampe torche que Tessa avait emprunté à l’équipe américaine des prolapsus vaginaux (j’expliquerai plus tard qui sont ces gens) et qu’elle me tenait en essayant de trembler au minimum.

On était assez tremblantes toutes les deux une fois que c’était enfin fini et on s’est précipitées j’ai Dr Jeremy, fraichement de retour de son voyage à Addis, pour un débriefing et un petit verre de vin bien agréable. Le 2 avril était un jour très difficile.