dimanche 8 avril 2012

Le stade de Gimbie

Tout les lundis, mercredis et jeudis, c'est jour de frisbee! A 6h du mat', on rejoints les gars et Becky et on descend au stade pour une petite partie de frisbee bien ravigorante. Bon, j'avoue que on a pas été aussi assidues que ça mais on essaie de s'y tenir parce que c'est tellement drôle!
Au stade, trois filles et un gars attendent de pied ferme notre arrivée pour commencer à jouer.

Le stade de Gimbie est situé à un quart d'heure de marche de l'hôpital, il est en terre battue et a des gradins très irréguliers de part et autre du terrain.
Samedi, on a fait une entorse à la règle du 6h du mat' et on est allés jouer avec les américains qui sont la pour dix jours pour opérer des femmes souffrant de prolapsus génitaux. Ils opèrent toute la journée et ne peuvent pas se lever à 6h pour le frisbee, c'était donc une séance de rattrapage en plein cagnard à 4h de l'aprèm. Ca tapait sérieux.
Le stade de Gimbie



Les joueurs de frisbee dans les gradins
Dans la même veine, Alex va jouer au foot avec des enfants quelques aprèm par semaine (Mathis adorerait ça!). Vendredi soir (5h), il m'y a amené pendant que Tessa allait boire un jus avec Tyler, Becky et Austin.
Alex et les jeunes footballeurs
J'ai joué une manche (chaque manche est en un point et après on change d'équipe), mon équipe ayant perdu  (!!), je suis allée m'assoir par terre à coté du terrain et deux petites filles sont arrivées et on commancé à dessiner sur la terre battue du stade avec un baton et à pointer en me disant ce qu'elles dessinaient. Quand il y avait plus de place autour de nous pour dessiner, la plus petite (Fatya) a commencé à me dessiner sur le bras avec son petit bâton. Bientôt, tous les garçons qui jouaient pas se sont amassés autour de nous et j'ai eu droit à une super leçon d'oromifa. Un des élèves de Becky qui m'avait accompagnée au stade a sorti un papier et un stylo de sa poche et on a continué la leçon de façon plus traditionnelle. Je sais maintenant dire fleur (ababa), maison (mana), chèvre (retti), vache (sawa), arbre (muka), chat (adure), eau (bishaan), fille (dubra), garçon (dhira), gens (nama), ballon (kuba), café (buna), thé (shai), papillon (brobra), sage-femme (desisitu) et aussi des choses essentielles comme "comment t'appelles-tu?" (wakaan ke enyu?) et "quel âge as-tu?" (wagaan ke meeqa?). Je sais aussi compter jusqu'à 19, j'arrive jamais à retenir comment on dit 20... 
      Tous ceux qui connaissent ma passion pour les langues savent que je me suis éclatée à apprendre tout ça! Et l'ambiance y a aussi fait pour beaucoup avec tout le monde qui voulait participer.
Mes deux petites institurices, Fatya et Jaaleenha




Sortie au resto

Hier soir, jour de fête, on est tous allé au resto! On est allé dans un resto où la dame qui le tient nourrit une dizaine d'enfants de la rue (abandonnés et sans-abris). 
On a commencé par une tournée de sodas, ce que Austin a à la main ci-dessous s'appelle "Mirinda", c'est le soda local, à mi-chemin entre l'Orangina et le Fanta orange. Les éthiopiens en raffolent et pendant l'accouchement, c'est ça que les femmes boivent.
Tessa, Austin & Becky
      On a mangé du bayaanati qui est un assortiment de plusieurs types de ragoûts de légumes, comme des lentilles (shiro), des bettraves rouges, des carrotes, du chou, des patates... Le tout cuit avec plus ou moins d'ail, de gingembre et/ou de piments. Tout ça se mange avec l'injera, une espèce de crèpe aérée et au goût aigre, dont on se sert pour enveloper la nourriture. On mange avec les doigts et tous dans le même plat! Par contre, c'est très mal poli de prendre de la nourriture du coté de son voisin.
     La dame faisait que de nous ramener plus des différents ragoûts et d'en rajouter, comme une corne d'abondance, c'était impossible à finir.
Bayaanati avec injera

Alex & moi, dégustant

De gauche à droite: Austin, Becky, Alex, Sophie, moi, Lucy, Hannah, Laura et Tyler (devant) avec les restes d'un bon repas

jeudi 5 avril 2012

Caring for women in labour


Je m'excuse auprès de tous mes lecteurs francophones mais cet article necessite trop de jargon spécifique que je ne sais pas traduire en français.

Finally on Tuesday we got to assess, admit and care (to a certain extent, without being able to communicate) for two women in labour. Both prims, we picked one each and were going backward and forward to the labour room, listening in to fetal heart, etc… The midwives were more or less translating what we were saying but from my point of view they lack the caring soft voice that midwives should use to some extent when caring for laboring women.
We admitted them at about 2.30pm and by 5.30, my lady was acting really distressed, curling up her body with each contraction and as I had been massaging her back for most of the afternoon (her only “pain relief”), I could feel the tail bone slowly shifting and I was getting excited. I then went to find one of the midwives for her to translate and ask my women whether she was feeling any pressure in her bottom. This was a new midwife, night shift, and apparently she had a different conception of intrapartum care… She asked me whether the woman was fully and I said I didn’t know and quite frankly it wasn’t really the point. I only wanted a very simple question answered: “is she feeling pressure in her bottom?”
Anyway, she came round to the woman, shouted something in oromifa upon which the woman rolled onto her back, put a glove on and promptly examined her. My question was left unanswered. She then faced me and said she was 4 cm, no information about station or position was given.
By that point, Tessa was having an equally distressing and frustrating time with her lady who she had ARM’d for augmentation on Dr Jeremy’s orders and found meconium stained liquor and therefore wasn’t allowed to walk around (!!). The lady was rolling around in her bed and saying that she wanted to get up and walk (according to the midwife’s translation). All the same, the midwife was categorical that she shouldn’t walk around.
At that stage, we decided to go out and get some fresh air and debrief on the lack of evidence backing up the midwife’s decision. We also felt like there was no easy way of telling her that. By the time we came back, I found out my lady had delivered. She had been able to get up and mobilize. Even so, one hour to go from 4 cm to fully for a prim seems pretty hard going. Anyway, there is no way of checking if the midwife was right.
Tessa’s woman was sent for section at 8.00 for failure to progress. Not fetal distress. Failure to progress. We’ll never know if a little walking around would have spared that Ethiopian lady the scar tissue on her young uterus.
So that was our first experience of labour ward, and we wish we had a few more years of experience in order to be able to take over the care completely and take full responsibility.

On Thursday, we had agreed to phone Tyler should anybody deliver as he wanted to see a normal delivery. We witness the delivery of a para 3, I had never seen so much perineal stretching in my life, the midwife was pushing and pulling so hard on that poor woman’s perineum, it was sore just watching. When the head crowned, she then promptly pushed on the “ring of fire” to “help” deliver the head. Then again, there was no lingering about waiting for restitution, she pulled on the baby’s head and what would normally take at least a couple of minutes took a couple of seconds. Thankfully, the woman had a very resilient vagina and did not tear although we were expecting to see a third degree at least!
Third stage management is also an epic demonstration of fundus fiddling, as if they were trying their best to give this woman a PPH. They simply won’t stop massaging the uterus until the placenta gets out. And even then, they’ll carry on rubbing it for some time. Some midwives are worse than others, but I don’t think any of them would pass the exam on third stage management. All women get an active third stage management too, it is not an option not to have one.
All in all, probably not the best first experience for Tyler to watch. All the while I was hearing Becky (the local midwifery college lecturer)'s voice in my head telling her midwifery student that “Midwifery is all about waiting” and “why do midwives get less tears than doctors? Because they wait!” How ironic!

mercredi 4 avril 2012

Ganji Health Centre

Taking blood pressures at Ganji Health Centre

Mercredi, on est allées à un centre médical à deux heures de route de Gimbie. Karen, la femme du Dr Jeremy, y va environ une fois par semaine pour faire des échographies sur les femmes enceintes et détecter un maximum de femmes qui doivent impérativement accoucher soit au centre médical, soit à l'hôpital en fonction de la gravité de leur condition.
Au centre médical, il n'y a pas de docteurs, mais il y a des infirmiers et des sages-femmes qui peuvent administrer des médicaments en cas d'hémorrhagie par exemple.
Lors d'une journée au centre médical, Karen voit entre vingt et trente femmes. Toutes sont très intéressées à l'idée d'être vues par une "faranji" (étrangère) et de voir leur bébé sur l'écho.

Lors de notre visite, nous avons vu deux femmes qui avait un besoin urgent d'être admise à l'hôpital. L'une enceinte de 4-5 mois dont le bébé était mort mais où la fausse-couche n'avait pas encore eu lieu, et l'autre dans un état avancé de pré-éclampsie.
Nous avions une place de libre dans la voiture pour le retour, nous avons donc ramené la première à Gimbie pour qu'on puisse déclencher la fausse couche et limiter le risque d'infection.
La deuxième est restée à Ganji et Karen et Jeremy ont décider de revenir vendredi pour rendre visite à une jeune maman de jumeaux qu'ils avaient aidé il y a quelques semaines et donc en profiter pour ramener l'autre patiente.

lundi 2 avril 2012

Baptême du feu


Arrivée en salle d’accouchement, une femme était en train de pousser sur la table d’accouchement.  Dr Wasihun était en train de se préparer à faire une ventouse parce qu’elle poussait pas assez fort. Il est important de noter qu’elle était aussi allongée à plat dos, la pire position possible pour pousser avec efficacité. Immédiatement, on a pensé que la meilleure chose à faire aurait probablement été de la faire changer de position : debout, accroupie ou même sur le coté ! Rien de tout ça n’est arrivé. La tête du bébé nous semblait trop haute pour tenter une ventouse, mais qui sommes nous pour remettre en cause la décision d’un obstétricien ! Bref, la femme a eu une déchirure au 4ème degré (déchirure jusqu’au sphincter anal, aouch !) et c’était très frustrant de voir ça parce que ça venait clairement d’une très mauvaise gestion de la part du Dr Wasihun. Si seulement il l’avait fait bouger !! Peut être que son anus aurait été sauvé !

Après notre session à l’école de sage-femme, dont j’ai déjà parlé, en revenant à l’hôpital, on a vu Dr Wasihun qui avait fait une césarienne à une femme avec un bébé très très difforme, à un point qu’on ne verrait quasiment jamais en Europe. Le bébé a la tête énorme, gonflée d’eau (hydrocéphalie), il lui manque une vertèbre donc la moelle épinière sort dans le bas du dos (spina bifida) et il a les jambes complètement difformes et il ne peut pas les bouger (un des effets de la spina bifida). Bref, il a absolument aucune chance de survie. La maman ne veut pas le voir donc les infirmières et sages-femmes s’en occupent. Ce genre de problème et le résultat d’un manque d’acide folique (vitamine B12) dans l’alimentation des éthiopiens et d’un suivi anténatal inexistant.

Dans la même journée, on a aussi accouché une femme dont le bébé était mort-né, notre premier accouchement que nous avons géré nous même en Ethiopie ! Tu parles d’un baptême du feu !
Le plus dur était de ne pas pouvoir communiquer avec la dame. C’était son premier bébé. La sage-femme qui était avec nous (et traduisait pour nous) ne la traitait en aucun cas différemment des autres femmes en travail, bébé mort ou pas. Le pire dans tout ça, c’est qu’il y avait une autre femme en début de travail allongée sur l’autre table d’accouchement et directement témoin de la naissance d’un bébé mort-né, couvert de méconium.
Tessa a fait l’accouchement, en suivant les instructions de la sage-femme qui étaient assez différentes de ce qu’on fait en Ecosse, avec des méthodes absolument obsolètes et des idées complètement dépassées (ce qu’il y aurait eu en Europe il y a 20-30 ans). Quand le bébé est finalement arrivé, on l’a juste posé sur un drap en plastique par terre. Il semblait qu’il était mort depuis un moment déjà.
J’ai ensuite été en charge de suturer son périnée. Toute seule. Enfin, avec le soutien moral de Tessa et « l’aide » de la sage-femme. Le fil pour suturer était différent que celui qu’on utilise en Ecosse avec une aiguille beaucoup plus petite (chromic 2.0). J’ai du insister auprès des sages-femmes pour qu’elle me donne de la lidocaïne (anesthésiant), elle voulaient pas m’en donner car « la déchirure était très petite ». Oui, mais quand même, j’avais pas spécialement envie de piquer quelqu’un dans le périnée sans l’endormir auparavant ! 1) parce que ça doit faire super mal et 2) parce que si la femme n’est pas détendu et sursaute à chaque fois que je la touche, j’ai plus de chances de me piquer avec l’aiguille !
C’était vraiment pas facile à suturer avec du fil et une aiguille que je connaissais pas, sans champ stérile ( !) et avec juste une lampe torche que Tessa avait emprunté à l’équipe américaine des prolapsus vaginaux (j’expliquerai plus tard qui sont ces gens) et qu’elle me tenait en essayant de trembler au minimum.

On était assez tremblantes toutes les deux une fois que c’était enfin fini et on s’est précipitées j’ai Dr Jeremy, fraichement de retour de son voyage à Addis, pour un débriefing et un petit verre de vin bien agréable. Le 2 avril était un jour très difficile.

Travaux pratiques avec la classe de Becky

 Ce matin, on est allées aider Becky à son école de sage-femme à nouveau.
On est arrivées "en travail" et il fallait qu'ils fassent tout comme si on était des femmes en travail, nous poser les questions qu'il fallait, puis faire notre accouchement. Ils sont en première année, ils n'ont jamais été en stage pour le moment et n'ont donc jamais vu d'accouchement en vrai.

J'avais le groupe des garçons qui s'occuppait de moi...
Je m'appelais "Diamorphine", j'avais 42 ans et j'allais avoir mon sixième bébé. J'avais perdu beaucoup de sang avec mon troisième bébé, et mon quatrième bébé était né par le siège.

 Et Tessa avait les filles:
Tessa s'appelait "Hemorrhage", avait 50 ans, avait déjà des jumeaux (par césarienne) et un bébé de 4kg (très gros bébé par rapport à la moyenne éthiopienne). 

Ils nous ont fait la totale: de la tension et pouls à "l'examen vaginal". 

Après l'accouchement, j'ai fait un atelier "tension artérielle" avec les garçons parce qu'il m'avait trouvé une tension incroyablement haute pendant mon accouchement (que Becky a vérifié et était en fait normale). Pendant l'atelier, je pense qu'ils y sont tous arrivé plutôt pas mal.

dimanche 1 avril 2012

"Nos jumeaux"

On a assisté à l'accouchement par césarienne de deux beaux petits garçons! C'était la première fois que nous aidions vraiment à l'arrivée des bébés. C'était le sixième accouchement de la mère (quatre enfants en vie et un mort très jeune) et elle a appris qu'elle attendait des jumeaux environ une demi heure avant de les avoir! Il n'y a pas vraiment de suivi pendant la grossesse ici.
C'était aussi la première fois où il y avait une réelle émotion, à l'occidentale, dans la salle d'opération. Le papa (qui attendait dehors) avait les larmes aux yeux et la maman était pleine d'émotion aussi. C'est assez inhabituel ici, où la naissance d'un enfant n'a pas la même connotation que chez nous.
Voici nos jumeaux:
Derrière nous, c'est la salle d'accouchement, pour les accouchements normaux.
Et voilà toute la famille: