jeudi 29 mars 2012

Dr Wasihun, l'oromifa et planning familial


Hier et aujourd’hui ont été plus calme que les deux premiers jours. On a suivi Dr Wasihun la plupart du temps, c’est le gynéco éthiopien (il me semble que je l’ai mentionné auparavant mais je crois pas que j’avais orthographié son nom correctement. On est toujours pas sûr de la prononciation…) Il a notre numéro de téléphone et si jamais quelque chose d’excitant arrive, il nous appelle.
Suivre Wasihun est très intéressant, c’est un jeune docteur très compétent, très efficace. Il arrive à faire le maximum possible avec le strict minimum. Il est conscient à quel point ses capacités sont limitées par le manque de moyen disponibles à Gimbie. Et, contrairement à Dr Jeremy, il a le grand avantage de parler la même langue que les patientes. Ce qui est un avantage pour lui devient un désavantage pour nous : avec Dr Jeremy, l’interprète nous permettait de comprendre l’échange, au moins au même degré que le docteur lui-même. Avec Dr Wasihun, on comprend rien du tout à l’échange et on doit attendre la fin pour qu’il nous donne les détails cliniques. En temps que sages-femmes, c’est probablement la barrière impénétrable due à la langue la plus dure à surmonter : la communication est tellement importante dans le métier.
On essaie tant bien que mal d’apprendre quelques rudiments de la langue mais c’est une grammaire totalement différente de toutes les langues gréco-latines ou anglo-saxonnes. Ca fait presque une semaine qu’on est arrivées et on a toujours pas compris comment dire « bonjour » correctement ! C’est un dialogue super élaboré qui se traduit tout simplement en anglais par « hi ».
La première personne commence en disant « Fayaara ! » et l’autre répond un truc du genre « Nagaara ! » puis c’est à l’autre de redire « Faya ! » et l’autre « Naga ! » et on serre la main, on se tape l’épaule, puis ça continue « Akam ! » et ça s’arrête jamais. Vous avez rien compris ? Nous non plus.
Au moins, l’oromifa s’écrit en lettre latine, contrairement à l’amharique qui à ces propres symboles. Enfin, notre connaissance de l’oromifa est très très limitée pour le moment et vu la complexité de la grammaire, je pense pas qu’elle s’améliore beaucoup en 4 semaines…

Pour le moment, on a pas encore vu d’accouchement normal. Rien qu’aujourd’hui, deux dames ont du avoir une césarienne. Toute les deux étaient soupçonnés d’être à prêt de 45 semaines de grossesse (pour info, une grossesse dure normalement 40 semaines et si le bébé n’est pas né à 42 semaines en Ecosse, on déclenche le travail. En France, je crois même pas qu’ils attendent si longtemps.) A 45 semaines de grossesse, le placenta est beaucoup moins efficace et amène moins d’oxygène et de nutriment au bébé, c’est pour cela qu’on déclenche.
Un des deux bébés avait l’air assez post-mature (il était gros, assez fripé), mais l’autre avait l’air bien petit pour 45 semaines, et couvert de vernix (le truc blanc qui recouvre les bébés qui naissent un peu avant l’heure). C’est l’Ethiopie ! Les femmes ont aucune idée de la date de leurs dernières règles, la plupart des gens ne savent même pas leur âge ! Alors si on doit se fier à elles pour savoir à quel moment les accoucher, c’est très difficile !
               
                Les éthiopiens sont petits en général, et très minces, voir maigres. Ils font donc de tout petits bébés : un bébé de 2kg500 est de taille normale et plus de 3kg500 considéré comme un gros bébé. Toutes les femmes allaitent, sans problème aucun. Le lait en poudre est tellement onéreux que la plupart ne pourrait pas se le payer. Même les femmes contaminées par le VIH sont conseillées d’allaiter leur enfant car le risque de transmission du virus est plus faible que le risque de mort à cause de malnutrition. Le taux de séroprévalence du VIH est plus bas que ce qu’on pensait au début : 4% « seulement ».

                La contraception commence à faire son chemin dans la mentalité des éthiopiens. Dr Wasihun nous a dit que les préservatifs étaient trop chers et très peu utilisés, mais la pilule ou les injections de progestérone deviennent de plus en plus communes. On a passé une heure cet après-midi avec l’infirmière du planning familial, qui s’occupe aussi de l’immunisation des enfants. Elle conseille les jeunes mères et s’occupe de poser des implants ou des stérilets en cuivre, de faire les piqûres de progestérone et elle distribue la pilule. Tous ces services sont gratuits. Pas les capotes...

1 commentaire:

Heather a dit…

Hello Alice and Tessa, I'm really enjoying the blog- with extensive help from google translate- I get the gist! I wish my school girl french were better- but I tried and failed! It sounds fascinating there, is there any sort of community care or do the women just self refer to the hospital? Enjoy yourselves x