lundi 2 avril 2012

Travaux pratiques avec la classe de Becky

 Ce matin, on est allées aider Becky à son école de sage-femme à nouveau.
On est arrivées "en travail" et il fallait qu'ils fassent tout comme si on était des femmes en travail, nous poser les questions qu'il fallait, puis faire notre accouchement. Ils sont en première année, ils n'ont jamais été en stage pour le moment et n'ont donc jamais vu d'accouchement en vrai.

J'avais le groupe des garçons qui s'occuppait de moi...
Je m'appelais "Diamorphine", j'avais 42 ans et j'allais avoir mon sixième bébé. J'avais perdu beaucoup de sang avec mon troisième bébé, et mon quatrième bébé était né par le siège.

 Et Tessa avait les filles:
Tessa s'appelait "Hemorrhage", avait 50 ans, avait déjà des jumeaux (par césarienne) et un bébé de 4kg (très gros bébé par rapport à la moyenne éthiopienne). 

Ils nous ont fait la totale: de la tension et pouls à "l'examen vaginal". 

Après l'accouchement, j'ai fait un atelier "tension artérielle" avec les garçons parce qu'il m'avait trouvé une tension incroyablement haute pendant mon accouchement (que Becky a vérifié et était en fait normale). Pendant l'atelier, je pense qu'ils y sont tous arrivé plutôt pas mal.

dimanche 1 avril 2012

"Nos jumeaux"

On a assisté à l'accouchement par césarienne de deux beaux petits garçons! C'était la première fois que nous aidions vraiment à l'arrivée des bébés. C'était le sixième accouchement de la mère (quatre enfants en vie et un mort très jeune) et elle a appris qu'elle attendait des jumeaux environ une demi heure avant de les avoir! Il n'y a pas vraiment de suivi pendant la grossesse ici.
C'était aussi la première fois où il y avait une réelle émotion, à l'occidentale, dans la salle d'opération. Le papa (qui attendait dehors) avait les larmes aux yeux et la maman était pleine d'émotion aussi. C'est assez inhabituel ici, où la naissance d'un enfant n'a pas la même connotation que chez nous.
Voici nos jumeaux:
Derrière nous, c'est la salle d'accouchement, pour les accouchements normaux.
Et voilà toute la famille:



samedi 31 mars 2012

Jour de Shabbat


Samedi est le Shabbat adventiste : c’est l’équivalent d’un dimanche pour le reste des chrétiens, où ils vont à l’église, etc. Tessa et moi avons évité l’église pour cette fois-ci même si je pense qu’on ira au moins une fois pour voir de quoi il en retourne. On est donc restées à la maison et on a regardé un film en attendant que tout le monde revienne de l’église. C’était journée détente, pas de rendez-vous à l’hôpital et notre téléphone n’a pas sonné pour nous appeler à un accouchement (même si on a découvert le lendemain que des jumeaux étaient nés par le siège… loupé !). On est allées se promener vers les 4h dans les alentours de Gimbie (et je pense qu’on a enfin pris un peu de couleurs !). Gimbie est entourée de colline à la terre rouge qui deviennent vertes à la saison des pluies, quand le tef a été planté. Le tef est une céréale typiquement éthiopienne qui est la base de l’injera, une galette aérée un peu aigre à la base de quasiment tout les repas éthiopiens.
Sur le chemin du retour, des enfants ont couru à notre rencontre en criant le traditionnel « You, you , you ! Faranji, faranji ! » (Faranji veut dire « étranger » en Oromifa). L’un des enfants avait un oiseau mort attaché à une ficelle qu’il faisait tourner au plus grand bonheur de ses camarades.

Ils sont tellement contents quand ils voient notre appareil photo et insistent pour être pris en photo. Il faut dire qu’ils sont de très jolis modèles aussi.
Nous avons aussi rencontré un vieil homme qui avait l’air d’avoir vécu le Déluge qui avait un visage tellement… National Geographic !

Notre journée s’est terminée par une séance « cinéma » à la maison des garçons (Austin, Tyler et Alex), avec un projecteur et tout ! Quel luxe !!

vendredi 30 mars 2012

Dr Tadesse, l'hôpital public et un accouchement normal



Tous les jours, nous rencontrons des nouvelles personnes intéressantes qui nous invitent à travailler avec eux. Aujourd’hui, nous avons rencontré Dr Tadesse, l’obstéricien de l’hôpital public de Gimbie, financé par le gouvernement. C’est un jeune gars, environ du même âge que Dr Wasihun, il parle très bien anglais et on a eu une bonne conversation autour d’un verre avec les deux docteurs à propos des moyens (limités) dont ils disposent dans leurs hôpitaux respectifs. L’équipement de l’hôpital public est meilleur car l’hôpital est plus récent (deux ou trois ans). Dr Tadesse nous a emmenées visiter son hôpital, il est pas très loin du nôtre, mais le nôtre est sur la route principale de Gimbie (goudronnée). L’hôpital public est au bout d’une longue route en terre battue très très abimée, le transport en ambulance jusqu’à là-bas devrait suffire à achever la victime, non pas qu’il y ait vraiment des ambulances pour transporter les patients de toutes façons !
Dr Tadesse nous a fièrement montré son nouvel appareil à échographies, sa salle d’opération digne d’un hôpital européen (si ce n’est pour l’état alarmant des sols et de l’équipement couverts de crasse) et sa salle d’accouchement avec « la salle de réa » pour nouveau-né, avec une autoclave (une machine à stériliser les instruments) qui sert aussi de chauffage pour les jours où il fait froid… De manière générale, l’équipement a l’air plus récent qu’à notre hôpital mais la route pour y accéder a de quoi décourager n’importe quelle femme en travail, et le niveau des employés y est apparemment moins élevé. L’hôpital de choix à Gimbie reste l’hôpital adventiste.
Le pauvre jeune docteur vit avec les six autres docteurs dans des petits studios, style corons des années 50 dans le Nord, à coté de l’hôpital, coincés au bout de cette horrible route. Son rêve est de retourner à Addis, où il a fait ses études. Il a été nommé pour travailler dans cet hôpital pour un minimum de 2 ans. C’est impressionnant parce que malgré le manque d’équipement, leur connaissance de l’obstétrique à l’air aussi, sinon plus, à la page que les docteurs qu’on a à Edimbourg. Ils ont tout les deux beaucoup plus d’expérience de cas compliqués que nos docs ne verront probablement jamais dans leur carrière.

Nous avons aussi eu l’opportunité de voir notre premier accouchement normal en Ethiopie ! C’était assez similaire à ce qu’on peut voir en Ecosse : le processus est le même, Ethiopienne, Française ou Britannique, il faut pousser le bébé. Bien sûr la table d’accouchement s’apparentait plus à une table de torture et l'intimité est un concept inconnu avec les deux tables côte à côte dans la salle d’accouchement. Notre dame a eu de la chance : elle était seule en travail à ce moment là.
On l’avait rencontré le matin, à 3cm, ses contractions n’étaient alors ni fréquentes, ni régulières mais c’était son quatrième bébé donc tout pouvait arriver très vite. A 11h30, elle était à 5cm et les contractions avaient commencé à être plus rapprochées. Elle était alors encore dans la salle de travail. A 2h, elle a été examinée encore et le col était complètement dilaté donc elle a été transférée en salle d’accouchement. Sur ces entre-faits, nous sommes passées par là par hasard et sommes donc restées pour l’accouchement.

Les IncoPads ou le sopalin n’existent pas en Ethiopie, on utilise le papier qui entoure les gants stériles pour mettre sous le derrière de la patiente. On utilise rien de jetable à part les gants que la sage-femme met. Une fois le bébé né, il est posé sur le ventre de la mère le temps d’être séché puis on l’emmène pour être pesé, lui donner son injection de vitamine K et des gouttes antibiotiques dans les yeux. Pendant ce temps, la maman reçoit sa piqûre d’ocytocine (qu’elle le veuille ou non, on lui demande pas son avis), on attrape le placenta qu’on met dans un seau vert à coté de la table d’accouchement (il sera enterré plus tard). Et là ! Stupeur ! La femme se lève et sort de la salle d’accouchement et on la conduit dans son lit où elle restera probablement une nuit. Pas besoin de lui demander quoi que ce soit, elle est descendu de son plein gré !





Deux nouveaux américains sont arrivés aujourd’hui, ils travaillent ici depuis Août et Octobre il me semble et était à Addis jusqu’à présent pour régler des problèmes administratifs. Alex a 24 ans, Tyler, 21. Ils dépendent tout les deux de l’église adventiste qui dirige l’hôpital. A l’origine, Alex était venu pour tenter d’installer un projet pour amener de l’eau potable à l’hôpital mais les possibilités et les finances se sont avérées plus compliquées que prévues donc il travaille plus pour la gestion de l’hôpital, avec Tyler qui lui est responsable de la gestion des cliniques rurales dépendantes de l’hôpital adventiste. Des rôles assez impressionnants pour des si jeunes garçons.

jeudi 29 mars 2012

Tessa's message


Sorry that it has taken me so long to add a bit in English to this blog, Alice is a speedy typer and I’m battling against a French keyboard so forgive me! So all is good out here-we’re having a brilliant time. There is no shortage of things for us to do which is fantastic. We have spent most of our clinical time shadowing Dr Jeremy (a retired British obstetrician) and Dr Wasihun (an Ethiopian obstetrician) which has been great as there is no problem with communication, we can ask lots of questions and were getting the opportunity to be “hands on” (palpating, scanning etc.) in interesting cases that we have not seen in the UK.  We’re planning to go to the rural antenatal clinics when the opportunity arises, we’re involved in the clinics here and also helping at the college so we’ll be busy. We are yet to see a normal delivery but we have been with labourers, so obviously we are aiming for that too! The c- sections that we have seen are surprisingly like those at the RIE, with obvious exceptions (the NN ressussitaire for example is powered by a foot pump). Those looking after the women certainly care about them a great deal, consent is obtained and despite the lack of privacy (there are 2 rooms; one for delivery and the other for labourers which each have 2 beds right next to each other) women are given dignity and respect which is a relief for both of us. 

Dr Wasihun, l'oromifa et planning familial


Hier et aujourd’hui ont été plus calme que les deux premiers jours. On a suivi Dr Wasihun la plupart du temps, c’est le gynéco éthiopien (il me semble que je l’ai mentionné auparavant mais je crois pas que j’avais orthographié son nom correctement. On est toujours pas sûr de la prononciation…) Il a notre numéro de téléphone et si jamais quelque chose d’excitant arrive, il nous appelle.
Suivre Wasihun est très intéressant, c’est un jeune docteur très compétent, très efficace. Il arrive à faire le maximum possible avec le strict minimum. Il est conscient à quel point ses capacités sont limitées par le manque de moyen disponibles à Gimbie. Et, contrairement à Dr Jeremy, il a le grand avantage de parler la même langue que les patientes. Ce qui est un avantage pour lui devient un désavantage pour nous : avec Dr Jeremy, l’interprète nous permettait de comprendre l’échange, au moins au même degré que le docteur lui-même. Avec Dr Wasihun, on comprend rien du tout à l’échange et on doit attendre la fin pour qu’il nous donne les détails cliniques. En temps que sages-femmes, c’est probablement la barrière impénétrable due à la langue la plus dure à surmonter : la communication est tellement importante dans le métier.
On essaie tant bien que mal d’apprendre quelques rudiments de la langue mais c’est une grammaire totalement différente de toutes les langues gréco-latines ou anglo-saxonnes. Ca fait presque une semaine qu’on est arrivées et on a toujours pas compris comment dire « bonjour » correctement ! C’est un dialogue super élaboré qui se traduit tout simplement en anglais par « hi ».
La première personne commence en disant « Fayaara ! » et l’autre répond un truc du genre « Nagaara ! » puis c’est à l’autre de redire « Faya ! » et l’autre « Naga ! » et on serre la main, on se tape l’épaule, puis ça continue « Akam ! » et ça s’arrête jamais. Vous avez rien compris ? Nous non plus.
Au moins, l’oromifa s’écrit en lettre latine, contrairement à l’amharique qui à ces propres symboles. Enfin, notre connaissance de l’oromifa est très très limitée pour le moment et vu la complexité de la grammaire, je pense pas qu’elle s’améliore beaucoup en 4 semaines…

Pour le moment, on a pas encore vu d’accouchement normal. Rien qu’aujourd’hui, deux dames ont du avoir une césarienne. Toute les deux étaient soupçonnés d’être à prêt de 45 semaines de grossesse (pour info, une grossesse dure normalement 40 semaines et si le bébé n’est pas né à 42 semaines en Ecosse, on déclenche le travail. En France, je crois même pas qu’ils attendent si longtemps.) A 45 semaines de grossesse, le placenta est beaucoup moins efficace et amène moins d’oxygène et de nutriment au bébé, c’est pour cela qu’on déclenche.
Un des deux bébés avait l’air assez post-mature (il était gros, assez fripé), mais l’autre avait l’air bien petit pour 45 semaines, et couvert de vernix (le truc blanc qui recouvre les bébés qui naissent un peu avant l’heure). C’est l’Ethiopie ! Les femmes ont aucune idée de la date de leurs dernières règles, la plupart des gens ne savent même pas leur âge ! Alors si on doit se fier à elles pour savoir à quel moment les accoucher, c’est très difficile !
               
                Les éthiopiens sont petits en général, et très minces, voir maigres. Ils font donc de tout petits bébés : un bébé de 2kg500 est de taille normale et plus de 3kg500 considéré comme un gros bébé. Toutes les femmes allaitent, sans problème aucun. Le lait en poudre est tellement onéreux que la plupart ne pourrait pas se le payer. Même les femmes contaminées par le VIH sont conseillées d’allaiter leur enfant car le risque de transmission du virus est plus faible que le risque de mort à cause de malnutrition. Le taux de séroprévalence du VIH est plus bas que ce qu’on pensait au début : 4% « seulement ».

                La contraception commence à faire son chemin dans la mentalité des éthiopiens. Dr Wasihun nous a dit que les préservatifs étaient trop chers et très peu utilisés, mais la pilule ou les injections de progestérone deviennent de plus en plus communes. On a passé une heure cet après-midi avec l’infirmière du planning familial, qui s’occupe aussi de l’immunisation des enfants. Elle conseille les jeunes mères et s’occupe de poser des implants ou des stérilets en cuivre, de faire les piqûres de progestérone et elle distribue la pilule. Tous ces services sont gratuits. Pas les capotes...